L’aménagement du quartier du Port-du-Rhin : la construction bois à l’épreuve du terrain
CDC Habitat participe au projet d’îlot démonstrateur engagé par l’Eurométropole de Strasbourg dans le cadre de l’aménagement du quartier du Port-du-Rhin. Le Groupe réalise deux lots où le bois occupe une place plus ou moins importante.
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CDC Habitat Nord-Est
La construction bois, tout le monde en parle et tout le monde veut en faire. Mais concrètement, quels sont les apports de ce matériau sur le bâti, en phase de construction comme en phase d’occupation, et comment l’intégrer dans des projets reproductibles et économiquement viables ? C’est tout l’enjeu de l’îlot démonstrateur initié depuis 2014 par l’Eurométropole de Strasbourg dans le cadre du grand projet d’aménagement urbain des Deux-Rives. Celui-ci vise à reconvertir d’anciennes friches industrielles et des sites désaffectés du port autonome de Strasbourg afin de passer de la théorie à la pratique en intégrant le bois à différents degrés dans plusieurs projets d’immeubles collectifs.
L’îlot sert à expérimenter et mesurer l’apport du bois en structure comme en façade y compris sur des hauteurs de construction allant jusqu’à R+10. Mais il s’agit aussi de se projeter dans la durée, en soutenant le développement d’une filière bois locale et en cherchant des modèles de construction qui puissent être déclinés localement.
Julien Heinrich
Chargé d’opérations chez CDC Habitat
90
logements intermédiaires
66
logements sociaux
51
logements en accession
Des projets aux approches différentes
CDC Habitat participe à deux lots du projet global. Le lot 3, réalisé en co-promotion avec Procivis, est un exemple typique de construction bois, avec seulement le socle et le noyau central (circulations verticales, ascenseur et escaliers) en béton pour le sismique et le reste en panneaux bois lamellé-croisé (CLT) pour les façades et les planchers. Un système poteaux/poutres en bois, reprenant la charge des planchers au centre des bâtiments, a été ajouté sur ce projet qui proposera au total 90 logements intermédiaires sur deux bâtiments (dont 30 acquis en VEFA par CDC Habitat) allant du R+4 au R+8.
Le lot 4, réalisé par CDC Habitat pour le volet social (66 logements) et en co-promotion avec Procivis pour le volet « accession à la propriété » (51 logements), repose pour sa part sur une construction mixte bois/béton, avec les murs de façades en ossature bois et les planchers et refends en béton armé. Les trois bâtiments ont été pensés « en gradin », avec des hauteurs allant de R+2 à R+6, des toitures terrasses en partie végétalisée, des balcons et de grandes surfaces vitrées pour tous les logements.
« La différence de choix pour les modes constructifs entre les deux lots vient de la répartition de l’enveloppe de financement de 900 000 euros du Plan d’Investissement d’Avenir dont le lot 3 a pu bénéficier contrairement au lot 4 », précise Julien Heinrich.
Des performances convaincantes
Malgré ces choix imposés par des contraintes financières, les deux lots ont bénéficié de la même attention et de la même qualité de réalisation. Labélisés Effinergie+ et E+C-, les immeubles présentent une excellente performance énergétique, grâce notamment à un recours à une production d’énergie renouvelable en géothermie sur nappe pour les besoins en chauffage/eau chaude sanitaire et à des systèmes de chaudières gaz collectives en appoint. Bien évidemment, l’utilisation plus importante de matériaux bois pour le lot 3 offre une meilleure isolation thermique, mais le mix bois/béton permet d’atteindre le niveau RT 2012-20 et garantit une isolation acoustique plus grande. En revanche, côté coût, avec une moyenne de 1 570 € HT /m² SHAB pour le lot 4 contre 1 815 € HT /m² SHAB pour le lot 3, l’utilisation du bois s’avère onéreuse – rendant le modèle difficilement reproductible sans soutien financier spécifique, surtout pour du logement social.
Les atouts du bois sont nombreux, à la fois parce qu’il est esthétique, performant sur le plan énergétique, peu impactant au niveau environnemental mais également plus rapide à mettre en œuvre puisqu’en moyenne, un projet tout bois permet de gagner 3 mois sur une construction classique en béton. Néanmoins, son coût actuel, notamment dans un contexte de hausse de matières premières et de tensions sur les approvisionnements, semblent plutôt plaider pour une utilisation sur des projets très spécifiques dans un premier temps.
Julien Heinrich
Chargé d’opérations chez CDC Habitat
Les habitants du quartier du Port-du-Rhin pourront en tout cas bientôt profiter de l’intégralité du projet, puisque le premier des deux bâtiments du lot 3 a été livré au mois de mars dernier et le second en fin d’année 2022. Quant au lot 4, les travaux ont démarré en août 2020 pour une livraison estimée au mois de février 2023.
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