Prendre en compte toutes les temporalités

Quel regard porter sur l’hiver plutôt clément que nous venons de traverser ? Faut-il s’inquiéter de ce radoucissement qui va de pair avec un manque chronique de précipitations, de probables sécheresses estivales et un dérèglement climatique qui s’accélère ? Ou bien faut-il se réjouir que cette douceur ait permis de minimiser, en partie, l’impact de la hausse du coût des énergies sur les charges de nos locataires les plus modestes ?

Entre vision à long-terme et conséquences à court-terme, la lecture des événements peut sans doute dépendre des sensibilités de chacun. Mais pour CDC Habitat, il n’y a pas de choix à faire. Au contraire, il est nécessaire de garder ces différentes temporalités à l’esprit, parce qu’il n’y a pas une mais de nombreuses urgences. S’il nous faut gérer le quotidien et anticiper notamment les conséquences immédiates de l’inflation pour nos locataires ou celle du coût des matières premières sur la capacité des promoteurs à sortir leurs projets, nous devons aussi préparer l’avenir et adapter notre activité. C’est en ce sens que nous fixons les priorités de notre action.

Sur le court-terme, notre première mission reste la vigilance et la protection de nos locataires les plus fragiles. L’inflation se maintient à un niveau élevé et si les beaux jours approchent et éloignent temporairement la question du chauffage, les difficultés sont toujours présentes. Nous devons donc continuer notre travail de proximité pour identifier les fragilités et y apporter des réponses adaptées. Nos équipes de terrain, notamment nos conseillères en économie sociale et familiale mais aussi nos gardiens et nos chargés de clientèle, restent pleinement mobilisées sur ces sujets.

Sur le moyen-terme, nous devons mobiliser toute notre énergie pour enrayer la baisse historique de la production de logement que nous connaissons actuellement. Face aux difficultés rencontrées par de nombreux acteurs, CDC habitat a annoncé un nouveau plan de soutien à la production, avec la volonté de commander 17 000 logements (12 000 logements intermédiaires et 5 000 logements sociaux). Ce plan représentera un investissement de plus de 3 milliards d’euros et portera à la fois sur l’acquisition de programmes en VEFA, parfois déjà en chantier, et sur des opérations qui seront portées conjointement par nos équipes, les aménageurs et les promoteurs. Une bonne partie concernera évidemment l’Île-de-France où les tensions restent extrêmement fortes, et nos équipes sont d’ores et déjà mobilisées pour intégrer cette charge de travail supplémentaire. Je vous invite d’ailleurs à lire l’entretien avec Aude Debreil, nouvelle présidente du GIE Grand Paris Habitat, consacré à ce sujet.

Néanmoins, et parce que nous portons également une vision de long-terme, nous serons particulièrement attentifs sur les qualités environnementales et techniques des projets dont nous nous porterons acquéreurs. Alors que notre Groupe s’est engagé dans la trajectoire à 1,5 °C du plan Climat, et alors que le gouvernement travaille sur des scenarii qui pourraient aller jusqu’à une hausse de 4°C d’ici la fin du siècle, nous devons continuer à nous montrer intransigeants sur la question de l’impact de notre activité.

Entre construction et gestion, le secteur de l’habitat reste l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre et a donc un rôle majeur à jouer pour limiter la hausse des températures. C’est en ayant pleinement conscience de cette réalité que nous pourrons changer durablement les choses, avec l’aide de tous les acteurs et relais de bonne volonté engagés à nos côtés.

Éric Dubertrand, directeur interrégional CDC Habitat Île-de-France