Vacance : quand le mobilier répare l’immobilier

Déclinaison opérationnelle du premier Hackaton francilien, CDC Habitat travaille actuellement sur une manière originale de lutter contre la vacance, en utilisant le mobilier pour réaménager des appartements peu pratiques et dont les locataires ne veulent pas.

Que faire quand un appartement, même neuf et situé dans un secteur plutôt tendu, ne parvient pas à séduire les locataires ? Si la situation reste assez rare en Île-de-France, elle cache néanmoins une réalité avec laquelle les bailleurs doivent parfois composer : certains appartements sont mal pensés, mal agencés et donc extrêmement compliqués à louer. La vacance étant un sujet majeur, la direction interrégionale de CDC Habitat Île-de-France et Grand Paris Habitat ont choisi de prolonger la réflexion entamée en 2022 lors de leur premier Hackathon afin de lancer une expérimentation originale.

« Il n’y a pas une mais de nombreuses raisons qui peuvent expliquer la vacance sur notre patrimoine francilien », souligne Cyril Rajol, chargé d’études marketing au sein de la direction des services clients Groupe. « Parmi les cas les plus difficiles à traiter, il y a celui des appartements qui ont des problèmes de conception et dans lesquels les gens n’arrivent pas à se projeter. Pour répondre à cette réalité, nous avons posé une hypothèse : et si nous pouvions améliorer l’existant grâce à du mobilier adapté et à un aménagement repensé ? ».

La preuve par l’exemple

Pour mesurer la pertinence de cette intuition, CDC Habitat a choisi de mener une expérimentation sur un appartement livré en 2020 sur la Résidence Au Fil de l’Ourcq à Bobigny (93) et n’ayant toujours pas trouvé preneur malgré de nombreuses visites. Ce T3 situé à l’avant-dernier étage du bâtiment comprend certes une terrasse et un balcon mais accumule les défauts : absence de placard, présence d’angles dans les chambres qui ne facilitent pas la pose de meubles, radiateurs et prises électriques mal situés… Autant d’éléments qui retiennent toute l’attention des visiteurs pour un loyer avoisinant les 1.000 euros mensuels.

« Nous avons posé un diagnostic sur l’existant et imaginé quelques changements qui pourraient rendre l’appartement plus agréable à vivre et surtout plus pratique au quotidien », précise Jean-Philippe Poiroux de Grand Paris Habitat. « Nous avons fait plusieurs propositions d’aménagements, puis contacté des petites entreprises locales pour avoir des devis avec plusieurs options. Nous avançons en lien avec le cabinet de conseil Bartle qui nous accompagne, afin de trouver le bon équilibre entre le coût de l’investissement global et le rendu final : c’est une démarche encore indéfinie qui nécessite de prendre des décisions pas à pas ».

Des aménagements astucieux pour améliorer l’existant

Le but n’étant évidemment pas de tout casser dans l’appartement, la plupart des choix se portent avant tout sur l’aménagement d’espaces de rangement nécessaires au quotidien : pose de tablettes dans les angles des chambres, déplacement d’une porte pour pouvoir créer une grande armoire… Une cloison va également être cassée dans une pièce pour augmenter la surface de la chambre et les toilettes vont être modifiées.

« Dès que nous avons entendu parler de ce projet, nous avons pensé à cet appartement qui a beaucoup de désavantages et dont le loyer est assez proche du secteur libre », précise Audrey Godaillez, directrice de l’agence CDC Habitat de Rosny-sous-Bois. « Nous avons plusieurs biens sur notre patrimoine qui pourraient bénéficier d’un tel travail d’adaptation, des T3 ou T4 de petites surfaces, dans des logements bons marchés des années 70… Peu de locataires ont la capacité de se projeter sur le potentiel d’un logement ou d’imaginer les aménagements à faire pour le rendre plus agréable, c’est bien que ce soit nous qui fassions le travail en amont ».

Reste maintenant à savoir si les travaux prévus avant cet été permettront à ce logement atypique de trouver preneur. CDC Habitat et Grand Paris Habitat vont suivre de près la suite du projet tout en continuant à réfléchir à la reproductibilité de ce mode d’intervention qui pourrait bien résoudre des situations spécifiques – tout en répondant toujours mieux aux attentes des habitants.