En 2023, la SEMADER, la SIDR et la SHLMR se sont engagées dans un dispositif de formation et de recrutement de gardiens d’immeubles, en partenariat avec l’AFPOLS et France Travail. Le recrutement de gardiens d’immeubles au sein de leurs résidences est un axe prioritaire de qualité de service et de proximité pour les 3 bailleurs sociaux de l’île .

Ce dispositif permet à des demandeurs d’emplois d’être formés et accompagnés pendant plus d’un an par les équipes de proximité des bailleurs sociaux et de confirmer leur motivation professionnelle pour le métier de gardien d’immeubles.

Il comprend plusieurs étapes clés :

Ainsi, en mars 2023, 24 personnes ont intégré les agences des 3 bailleurs sociaux pour leur contrat de professionnalisation, avec pour perspective une embauche en CDI.

Les examens se sont déroulés du 07 au 13 février 2024 ; ils sont composés de différentes épreuves comme des études de cas pratiques (état des lieux, nettoyage, constat de désordres) ainsi que des mises en situation avec des jeux de rôles sur des thématiques concrètes avec des locataires.

100% de réussite !
Ce mercredi 14 février 2024, les 24 apprenants ont reçu les résultats de leurs examens et tous se sont vus remettre leur certification de gardiens d’immeubles des mains des bailleurs sociaux et des partenaires de la formation.

« Une formation dense et complète » a témoigné Yaël, 32 ans, co-major de promotion ; « je ne pensais pas qu’il fallait autant de connaissances techniques sur le patrimoine et le nettoyage pour être gardien d’immeuble ». Un métier qu’il a « tout de suite aimé, dès le 1er jour, surtout les relations avec les gens ».

Eric, co-major de promotion avec Yaël, est un ancien gendarme à la retraite. C’est France Travail qui l’a identifié et lui a proposé la formation de gardiens d’immeubles. « Mon papa était gardien d’aéroport, je connaissais un peu ce milieu. La 1ere journée d’immersion m’a tout de suite motivé, c’est un métier fait pour moi. Je me sens beaucoup plus utile aujourd’hui ».

Nouvelle promotion 2024-2025

Si la date du 14 février 2024 marque la fin de ce parcours de formation et une nouvelle vie professionnelle pour les 24 diplômés, elle ouvre également le démarrage d’une nouvelle promotion 2024-2025 avec 4 bailleurs sociaux Réunionnais inscrits dans ce
dispositif : la SEMADER, la SIDR, la SODIAC ainsi que la SHLMR.

Dès le mois de mars, les personnes sélectionnées suivront 6 semaines d’immersion en entreprise et de formation théorique pour découvrir le métier de gardien d’immeuble. Ensuite, ils intégreront les effectifs des 4 bailleurs sociaux avec un contrat de professionnalisation de 12 mois en alternance. A l’issue de la formation certifiante, l’ambition du dispositif est de proposer, une nouvelle fois, des contrats à durée indéterminée aux diplômés.

Focus SEMADER

La SEMADER a été pionnière dans la professionnalisation de ce métier avec, dès 2012, la mise en place d’un CAP de gardien d’immeuble en partenariat avec le GIP FCIP, branche de l’Education nationale en charge de la formation pour adulte, le lycée polyvalent Jean Hinglo et la Région Réunion. 40 jeunes diplômés avaient alors rejoint la SEMADER sur une période de 5 ans.
Depuis, une partie de ces gardiens a évolué vers de nouveaux postes, toujours au sein des agences de proximité et en lien avec les locataires. Le déploiement aujourd’hui de cette formation certifiante s’inscrit toujours dans la volonté de continuer de professionnaliser ce métier afin d’offrir une réponse qualitative à l’ensemble des situations rencontrées sur les résidences.

Focus SIDR

Il s’agit de la 2ème campagne de recrutement après une première promotion de 14 gardiens d’immeubles diplômés en 2022 en majorité en poste dans les agences. La SIDR a souhaité renouveler cette démarche d’insertion sociale par l’emploi en 2023 afin
d’offrir aux 15 gardiens recrutés un emploi durable après la période de formation. A terme, la politique de proximité du bailleur prévoit une centaine de gardiens présents sur ses résidences de plus de 100 logements. La 3ème campagne de recrutement concernera un groupe de 15 futurs gardiens pour la SIDR. Au-delà des techniques à apprendre, la SIDR met l’accent sur le savoir-être et les qualités relationnelles essentielles à ce métier.

Plan de soutien : des équipes franciliennes dans les starting-blocks

Aude Debreil, nouvelle présidente du directoire de Grand Paris Habitat, revient en détail sur le plan de soutien au logement annoncé par CDC Habitat en mai dernier et la manière dont il va être déployé en Île-de-France.

3 milliards d’euros investis, 17 000 logements à produire en 3 ans : comme en 2020 avec le plan de relance, CDC Habitat continue de se mobiliser dans un contexte particulier…

Il y a effectivement urgence à soutenir la production dans les zones les plus tendues où la demande reste extrêmement forte. 55 % de ce plan de soutien pourrait concerner l’Île-de-France, soit 9 000 à 9 500 logements supplémentaires sur 3 ans qui viendront s’ajouter aux volumes habituels – plus de 5 000 logements seront livrés rien qu’en VEFA en 2023. La particularité de ce plan de soutien est de se concentrer sur les deux piliers que sont le logement social et le logement intermédiaire : CDC Habitat s’était largement engagé en faveur du logement abordable contractualisé dans le plan de relance de 2020, nous voulons aujourd’hui agir sur un autre front. Tout cela va se faire dans un contexte économique difficile, avec une hausse du livret A et des taux d’intérêt, des prix des matières premières et de l’énergie toujours élevés, il va donc nous falloir être très sélectifs. Mais le marché a besoin de cette impulsion.

Outre l’aspect financier, quels sont les critères qui vont orienter vos choix ?

Le premier critère qui nous guide, c’est la pertinence du projet au regard du marché local. Les agences de proximité de CDC Habitat sont systématiquement impliquées dans le processus de sélection des projets car elles ont une vraie connaissance des dynamiques locales et des besoins de chaque collectivité. Le second critère, c’est évidemment l’aspect technique : notre Groupe a toujours affiché ses ambitions en termes de qualité de construction, et les projets doivent donc être cohérents avec nos exigences. Enfin, le troisième critère, qui va de pair avec le précédent, c’est évidemment la qualité environnementale des projets : le Groupe s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions de 23 kilos de CO2 par m² aujourd’hui à 15 kilos en 2030 : pour y parvenir, il faut qu’au moins un quart des opérations menées affichent des performances équivalentes ou supérieures au seuil 2025 de la RE 2020.

Pour y parvenir, vous voulez mener davantage de projets en maîtrise d’ouvrage directe…

C’est effectivement l’un des axes stratégiques portés par Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat, depuis son arrivée. Pour répondre en profondeur aux besoins des territoires, il nous faut avoir la main sur les projets, en maîtriser la conception et les orientations jusque dans le moindre détail. Or, Grand Paris Habitat est parfaitement apte à mener des projets en MOD : nous avons constitué des équipes spécifiques avec des développeurs attachés à chaque département, mais aussi des spécialistes de la programmation et de la conception, des urbanistes, une cheffe de projet BIM… Tout cela nous permet d’atteindre des volumes conséquents, avec des prévisions de permis de construire pour 1 000 logements sur 2023-2024.

Comment vous préparez-vous à gérer ce supplément de travail ?

La particularité de CDC Habitat en Île-de-France est d’avoir scindé son activité en deux entités, avec d’un côté la Direction interrégionale qui exerce l’activité de bailleur-gestionnaire, et de l’autre le GIE Grand Paris Habitat en charge du développement et maîtrise d’ouvrage directe – en construction neuve comme en intervention lourde (réhabilitation, résidentialisation, démolition, projets ANRU…). Cette répartition des rôles est une force car elle permet de s’appuyer sur deux spécialistes aux compétences complémentaires et qui ont l’habitude de travailler ensemble, pour porter des volumes particulièrement conséquents. Aujourd’hui, notre GIE compte vingt adhérents hors groupe CDC Habitat, soit 24 au total, 160 collaborateurs, et 70 % de notre activité consiste à porter des projets pour le compte de CDC Habitat. Mais le fait que nous accompagnions d’autres organismes de logements sociaux nous permet d’avoir un regard ouvert sur les territoires et sur nos métiers.

Le projet de territoires va être un autre outil pour déployer ce plan de soutien ?

Nous avons effectivement travaillé avec les équipes d’Éric Dubertrand, directeur interrégional de CDC Habitat Île-de-France, à l’actualisation du projet de territoires. Lors de son élaboration initiale en 2021, le projet de territoires avait une très forte connotation « développement ». A l’occasion de sa mise à jour, nous avons souhaité mieux articuler les enjeux de développement avec ceux de gestion patrimoniale et de gestion locative. Un état des lieux a été réalisé pour chaque intercommunalité et des plans d’action ont été bâtis pour chaque territoire sur l’ensemble des sujets. Tout cela va nous permettre de décloisonner notre approche et de gagner en efficacité. Enfin, nous avons souhaité tirer ensemble, direction interrégionale et GPH, les enseignements du plan de relance de 2020 : pour faire évoluer nos processus, fluidifier nos échanges et nous allons pouvoir mettre cette expérience à profit pour porter ce nouveau plan au niveau opérationnel.

Le plan de soutien en quelques chiffres :

  • 3 milliards d’euros d’investissement sur 3 ans
  • 17 000 logements portés dans toute la France, en VEFA comme en MOD, dont :
    • 12 000 logements intermédiaires
    • 5 000 logements sociaux

Confrontés comme partout à des dépôts sauvages de déchets sur la résidence Terre d’Harmonie à Gex, CDC Habitat a missionné l’association Chers Voisins pour mener des actions de sensibilisation.

Comment encourager et accompagner les changements de comportements dans la vie quotidienne, notamment en matière de tri et de jets des déchets ? Alors que tous les bailleurs sont confrontés à divers degrés à ces incivilités quotidiennes, CDC Habitat a choisi de mener dans le Pays de Gex un travail de fond avec l’association Chers Voisins autour du dispositif 3R : Réduire, Recycler, Réutiliser. Cette initiative déployée à l’échelle nationale vise en effet à aider les habitants à repenser leurs habitudes de consommation, à adopter de bons réflexes ou à redonner de l’utilité à certains objets du quotidien.

Comme le rappelle Laurent Trichies, Directeur de l’agence d’Annecy-Léman, « nous avons choisi avec la ville et Sollar, filiale du groupe 1001 Vies Habitat, de confier une mission d’assistance à maîtrise d’usage (AMU) à Chers Voisins afin de faciliter l’arrivée et l’intégration des habitants de Terre d’Harmonie, un projet qui comptera à terme 416 logements familiaux, dont 301 seront gérés par CDC Habitat. L’idée est de permettre aux nouveaux arrivants, souvent des travailleurs transfrontaliers qui font l’aller-retour avec la Suisse quotidiennement, de trouver leurs marques et de créer du lien avec les habitants historiques de cette commune de 14 000 habitants ».

Une approche collaborative du sujet

Si plusieurs axes de travail ont été définis entre Chers Voisins et CDC Habitat, la question du tri, du réemploi et du recyclage font l’objet d’une attention toute particulière. Il faut dire que le Pays de Gex a mis en place une politique spécifique de tri et de jets des déchets, avec des bacs en apport volontaire utilisables uniquement avec des badges. Ce qui entraine de nombreux mésusages, notamment de la part de personnes venant de l’extérieur et ayant du mal à s’approprier la démarche.

« Nous avons choisi d’aborder la question des déchets de manière très large et de nous appuyer sur plusieurs partenaires locaux pour organiser différents événements autour de cette question », explique Chloé Viallefond, Coordinatrice du Bureau d’Études chez Récipro-Cité qui gère le dispositif partenarial Chers Voisins. « Le meilleur déchet étant celui qu’on ne produit pas, nous avons voulu parler de tri et de jet des déchets évidemment, mais aussi de réemploi, de troc ou de réparation – autant de thématiques qui sont déjà au cœur de l’action de notre structure ».

Des animations pour tous les âges

Parmi les nombreuses animations organisées, les ateliers de réparation de vélos menés avec l’association Vélorution en avril et en septembre 2023 ont rencontré un franc succès, attirant même de nombreux habitants externes au quartier. Une troisième édition est prévue au printemps prochain. Chers Voisins s’est également rapproché de la Ressourcerie, la nouvelle déchetterie du Pays de Gex, pour organiser des événements autour du recyclage, comme la création d’une fresque en forme d’arc-en-ciel avec les enfants du quartier à partir de différents déchets colorés.

« Nous avons aussi imaginé pas mal d’ateliers pouvant s’inscrire dans le quotidien des gens, comme une fête d’anniversaire fictive « zéro déchet », un atelier furoshiki pour apprendre à emballer les cadeaux dans des tissus plutôt que du papier jetable, ou encore la création maison de produits ménagers avec l’association Zéro Waste », précise Alexia Jorat, Gestionnaire-Animatrice Chers Voisins Pays de Gex. « L’idée est de montrer que l’on peut changer petit à petit ses habitudes, de manière ludique et avec aussi des économies à la clé »

D’autres initiatives verront le jour d’ici le printemps, comme un concours photo autour de la nature au mois de janvier, des ateliers sur la gestion des déchets avec Civalor ou un grand spectacle pour enfants en mai avec la participation d’une compagnie d’Aix-les-Bains. Quant à la friperie solidaire déjà tenue par Chers Voisins sur le Pays de Gex, elle proposera prochainement des animations ponctuelles au sein de la Maison des Projets de Terres d’Harmonie.

« Cela prend du temps de changer ses comportements mais chaque animation est une petite pierre apportée à l’édifice », conclut Alexia Jorat. « Évidemment, le fait que le quartier soit encore en chantier n’aide pas. Quand il y a des graviers, de la poussière, des déchets temporaires laissés par les ouvriers, cela n’incite pas à faire un effort. Mais c’est important de sensibiliser les gens, à commencer par les enfants qui peuvent clairement influer sur leurs parents, pour qu’une fois les travaux finis et les logements et jardins livrés, tout le monde puisse avoir les bons réflexes ».

Un objectif, un plan d’actions et un label : afin d’inciter les 130 collaborateurs du siège lyonnais de CDC Habitat à utiliser le vélo pour venir au travail, la direction Auvergne Rhône-Alpes de CDC habitat a déployé en 2023 un certain nombre d’actions concrètes autour des mobilités douces pour lever les freins (psychologique, technique, économique) que certains pourraient avoir à propos de la petite reine. « Nous avons réalisé un diagnostic mobilité en septembre 2022 qui nous a permis de nous rendre compte qu’une majeure partie des salariés venaient au bureau en transports en commun, puis en voiture, et que moins de 10% d’entre eux prenaient leur vélo », souligne Charlotte Le Marec, Responsable Développement Grands projets.

Entre ateliers de réparation et de marquage des vélos, test de vélos électriques et cours pratiques dans les rues de Lyon, plusieurs temps forts ont rythmé l’année, à commencer par le « challenge mobilité » organisé en juin à l’occasion de la semaine nationale de la mobilité, et qui a permis aux courageux venus au bureau en pédalant de se voir offrir un petit-déjeuner. En septembre, une série d’animations a également été organisée avec plusieurs acteurs locaux comme « La ville à vélo ». « Le vélo ça ne se perd pas mais ça peut se réapprendre, surtout en milieu urbain où il faut circuler entre les bus, les tramways, les voitures, les piétons », reprend Charlotte Le Marec. « Le fait d’avoir des professionnels qui viennent donner des conseils, informent sur les équipements à avoir ou rappellent le code de la route, notamment les panneaux spécifiques pour les vélos, a été très apprécié par les collaborateurs ».

CDC Habitat s’est également porté acquéreur de deux vélos électriques afin d’inciter celles et ceux qui le souhaitent à les utiliser également dans le cadre de leurs déplacements professionnels notamment vers les résidences du patrimoine. Un ensemble d’actions qui n’a pas échappé à l’AFNOR, mandaté par la fédération française des usagers de la bicyclette, qui a audité le siège en octobre dernier et attribué à CDC Habitat le label « Employeur Pro-Vélo » niveau Or pour une durée de 3 années – la plus haute labellisation possible. Les actions vont se poursuivre en 2024 avec des actions prévues pour inciter toujours plus de personne à adopter ce mode de transport.

CDC Habitat a signé en octobre dernier une convention de partenariat avec la Métropole de Lyon en vue d’intensifier la production de logements sur le territoire autour de 4 grands axes : la diversification de l’offre afin de fluidifier les parcours résidentiels ; la participation au développement urbain du territoire ; l’amélioration du patrimoine existant ; et l’accélération de la transition énergétique. CDC Habitat s’engage ainsi à produire au moins 530 logements chaque année sur la Métropole, dont 300 logements intermédiaires afin notamment de permettre aux travailleurs clés de se loger au plus près de leurs besoins professionnels comme personnels. Une manière d’améliorer les conditions de logements des salariés des grands employeurs publics locaux (ville, Hospices Civils de Lyon, ARHM…) et nationaux (ministère des Armées, douanes…) dont CDC Habitat est partenaire de longue date.

La signature s’est déroulée à l’occasion de l’inauguration de la résidence Diapason à Villeurbanne, et en présence de Renaud Payre, vice-Président de la Métropole de Lyon en charge de l’habitat, du logement et de la politique de la ville et Agnès Thouvenod, 1ère adjointe au Maire de Villeurbanne. Cette résidence composée de 42 logements sociaux et d’un local commercial a été réalisée par CDC Habitat en maîtrise d’ouvrage et illustre parfaitement la volonté commune du bailleur et des collectivités locales de « construire autrement la ville » puisque le programme répond à la fois aux exigences du référentiel Habitat Durable de la Métropole, du référentiel NF Habitat HQE et du label BEPOS Effinergie. Le projet a été financé par la Métropole de Lyon, la ville de Villeurbanne, Action Logement et la Banque des Territoires.

« L’habitat inclusif, c’est inclure des logements adaptés pour que des personnes en situation de handicap vivent comme n’importe quel locataire »

Lydie Thévenin, directrice régionale handicap à la Mutualité Française Bourguignonne à Dijon, et Amélie Pillet, directrice de l’agence CDC Habitat de Quetigny, nous présentent Cœur de ville, une résidence conçue pour accueillir huit personnes en situation de handicap moteur. Une opération partenariale qu’elles ont porté avec beaucoup de conviction et d’engagement.

La résidence Cœur de Ville incarne de manière très concrète la volonté des partenaires – la commune de Quetigny, CDC Habitat, la Mutualité Française et le GIHP[1] – de favoriser la ville pour tous. Avec l’intention affirmée de s’appuyer sur cette expérience pour la développer et la dupliquer afin de répondre aux besoins de la métropole dijonnaise.

Comment fonctionne cette offre de logements inclusifs ?

Amélie Pillet : Il s’agit d’un immeuble neuf de 32 appartements conventionnels, et 8 appartements adaptés au handicap moteur lourd.  Comme pour toute la résidence, les critères d’attribution sont ceux d’un logement social. Concernant les huit logements adaptés, l’inclusion, l’autonomie et la sécurité des locataires sont renforcées par la présence permanente d’une personne qui assure un service de veille et de surveillance 24 heures sur 24 et qui bénéficie d’un local spécialement dédié. Ce service est directement financé par les bénéficiaires, qui pourront mutualiser leur prestation de compensation du handicap (PCH) à hauteur de trois heures par jour.

Lydie Thévenin : Lorsqu’on parle d’inclusion dans l’habitat, on commence par le type de handicap et non par la personne à la recherche d’un logement. Là, nous avons des locataires « lambda » avec leurs activités personnelles et leur vie, ils travaillent, font des études… Certes, ils sont en situation de handicap lourd, mais ils sont autonomes grâce à des aides individuelles, ils peuvent donc vivre dans un immeuble classique. Nous sommes vraiment dans une visée inclusive au sens strict du terme et chacun est libre de bénéficier ou pas de cette prestation de veille et de surveillance.

Qu’est-ce qui différencie un appartement classique d’un appartement adapté ?

AP : Chaque appartement a été conçu pour permettre le déplacement d’un fauteuil : des portes élargies et coulissantes, une salle de bain suffisamment grande et équipée de deux portes pour accueillir deux personnes et un fauteuil, puisque la plupart d’entre eux ont besoin d’être aidés, une douche à l’italienne, des seuils extra plats pour aller sur le balcon, la motorisation des portes fenêtres, des volets, des portes d’entrée de l’appartement et de l’immeuble.

LT : L’objectif était de construire des logements les plus ergonomiques possibles et de prévoir d’éventuelles adaptations personnalisées comme des prises électriques spécifiques dans la chambre pour le branchement d’appareils, des fourreaux pour passer les câbles… De plus, l’immeuble est très bien placé : médecins, pharmacies, commerces et transports sont au pied de la résidence. Cela signifie que l’implantation est elle-même garante de l’inclusion.   

Comment ce projet a-t-il été mis en place ?

AP : La mairie de Quetigny accompagne depuis longtemps des personnes en situation de handicap via l’enseignement d’activités sportives, l’emploi…, et elle avait envie de prolonger cette démarche par le logement. En 2016, elle nous a donc proposé ce projet, pour lequel nous avons voulu immédiatement trouver une solution. Le partenariat avec la Mutualité Française était tout aussi évident. Elle est très présente sur notre territoire et nous sommes déjà en intermédiation locative pour une cinquantaine de logements.

Nous avons également signé une assistance à maîtrise d’ouvrage avec le GIHP, le groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques, une association nationale. Le GIHP est l’initiateur du concept des unités de logements et service (ULS), des logements adaptés et domotisés associés à un service d’auxiliaires de vie qui assurent une présence constante. Nous sommes allés les visiter à Lyon, nous avons rencontré des locataires pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles ils avaient choisi de vivre dans ces résidences.

Ensemble, nous avons travaillé avec un panel de locataires potentiels afin de bien délimiter leurs contraintes et leurs attentes, tant en termes de logement que d’accompagnement.

LT : Un partenariat a été établi avec trois acteurs, la commune, le bailleur social et le gestionnaire du médico-social que nous sommes. Une configuration incontournable pour un tel projet. Nous avons la chance de nous connaître depuis longtemps, ce qui a facilité nos échanges : nous n’avons pas perdu de temps, il y avait un climat de confiance et la même volonté de répondre à des vrais besoins.   

Comment ce service de veille et d’assistance est-il financé ?

LT : Subventionner un service de veille et de surveillance 24 heures sur 24 par une partie de la PCH[2] ne sera sans doute pas suffisant. Il représente l’embauche de trois personnes, donc une masse salariale incompressible. Mais nous prenons ce risque car la Mutualité Française souhaite vraiment développer ces aides auprès des personnes en situation de handicap qui ont des besoins et des souhaits d’accès à une vie autonome dans leur propre domicile.

Nous espérons compenser une partie de cette perte financière en proposant à l’ensemble des locataires de l’immeuble des services comme des aides pour le ménage, les courses ou le repassage qui pourront être effectuées par ce service.

Quels ont été les points positifs que vous avez découverts en travaillant sur ce projet ?

AP : Le fait de définir en amont les besoins, penser aux besoins réels des habitants et co-construire… Et puis j’ai beaucoup appris, à titre personnel et professionnel, sur le monde du handicap. On le rencontre dans le logement social, mais pas d’une manière aussi précise. Je me suis aussi rendue compte de la difficulté parfois à accéder à un logement. CDC Habitat doit continuer d’essayer de construire de nouveaux modes d’habiter…

LT : La richesse est partenariale. Aucun des acteurs ne s’est retiré. L’engagement a été entier, du premier jour jusqu’à présent, avec des échanges toujours instructifs et un partage d’expériences et d’expertises. Il y avait beaucoup de respect dans cette co-construction.

S’il y a un écueil, c’est le temps qu’il a fallu – cinq ans – nécessaire pour tout mettre en place au plus près des besoins, et la difficulté du montage financier.

Car nous prenons tous un risque, c’est certain.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

AP : Quatre logements sont attribués à des jeunes gens de moins de 30 ans qui vivaient encore chez leurs parents. Il faut comprendre qu’il s’agit d’un processus assez long, qui génère beaucoup d’angoisse de la part des familles. Elles doivent laisser partir leur enfant. Il s’agit d’un envol, et l’envol est fait d’incertitudes et parfois de peur, même lorsqu’il n’y a pas de handicap. De nombreuses questions sont inhérentes à cette toute nouvelle indépendance. Il s’agit d’une étape très importante de leur vie, qui doit être accompagnée par des experts du handicap comme la Mutualité Française.

Cette résidence est un exemple qui, nous l’espérons, réussira et pourra être reproduite là où sont les besoins et les attentes, dans un projet intégrant les locataires dans un comité de pilotage pour faire évoluer le modèle. J’espère vraiment que nous pourrons progresser ainsi.

La prestation de compensation du handicap (PCH)

La prestation de compensation du handicap (PCH) est une aide financière et individuelle versée par le département via une instance de la Maison départementale des personnes à handicap (MDPH). Il s’agit d’un remboursement des dépenses liées à la perte d’autonomie en fonction des besoins : assistance humaine et/ou technique, aménagement du logement, transport, aide spécifique ou exceptionnelle, aide animalière. Le montant de la PCH est fixé au niveau national, il s’impose donc à tous les départements. Ils ont toutefois le droit de le déplafonner en proposant une aide plus importante (ce n’est pas le cas en Côte d’Or).

La PCH existe depuis la loi de 2005 qui a permis une grande révolution dans le domaine du handicap et de l’inclusion : la société doit désormais s’adapter au handicap et non l’inverse. Elle est complémentaire à l’allocation aux adultes handicapés (AAH), un revenu mensuel qui leur permet de compléter leurs ressources pour garantir un revenu minimal.

En 2017, a été votée la possibilité pour la personne de mutualiser une partie de sa PCH dans le cadre d’un projet partagé d’habitat. Elle peut donc mettre au profit du collectif des aides qui ne lui sont pas strictement personnelles, comme les services d’assistance, d’aide et de surveillance.

Dans le cadre de la résidence Cœur de ville, les locataires peuvent donc faire le choix de partager ces trois heures avec le collectif de la résidence.

Projet de territoire : les enjeux sociétaux et environnementaux au cœur de l’action de CDC Habitat

Dévoilé à l’été dernier, le projet de territoire de la direction interrégionale Nord-Est est entré dans sa phase opérationnelle. Plusieurs groupes de travail thématiques ont été mis en place pour identifier les bonnes pratiques et décliner les projets localement, notamment sur les questions sociétales et environnementales.

Après la concertation, place à l’action. Si l’année 2021 a été consacrée à définir les contours du projet de territoire de la direction interrégionale nord-est, en fixant secteur par secteur les priorités pour les 5 prochaines années (attractivité, requalification urbaine, construction durable, création de lien social, mixité sociale et d’usages, accompagnement des travailleurs clefs…), 2022 est l’occasion pour les équipes de terrain de se saisir des grands axes pour les décliner de manière opérationnelle. Parmi les premiers sujets mis sur la table, les questions sociétales et environnementales bénéficient depuis fin décembre d’un groupe de travail piloté conjointement par Amélie Pillet et Agnès Goulard, respectivement directrices des agences de Beaune/Quétigny et de Dijon.

« Le groupe réunit tous les métiers de CDC Habitat et de CDC Habitat social, du développement à la gestion locative en passant par les équipes techniques et la filière charge », explique Amélie Pillet. « L’objectif est dans un premier temps de recenser les bonnes pratiques, les partenaires et les actions déjà mises en place sur le terrain sur ces thématiques transversales et qui touchent énormément de sujets : accompagnement social, insertion par l’emploi, lutte contre l’isolement ou la fracture numérique, développement des mobilités douces… »

Des sujets ancrés dans la culture locale

Loin d’être une rupture culturelle, la démarche vise au contraire à prolonger et à amplifier le travail déjà mené sur chacun des territoires par les équipes. Comme le souligne Agnès Goulard, « il y a toujours eu une dimension profondément partenariale dans notre fonctionnement, et notamment sur les questions sociétales et environnementales. Beaucoup d’associations locales et nationales travaillent déjà avec CDC Habitat et/ou CDC Habitat social, et de nombreuses initiatives ont déjà été déployées au fil des années. Ce que nous voulons faire, c’est partager ces savoirs et permettre aux différents territoires de s’approprier ou de décliner les actions localement ».

L’un des objectifs du groupe de travail vise en effet à mettre en place une boîte à outils, ou plutôt « une boîte à inspirations », permettant à chaque agence de partir de projets déjà menés par des collègues pour imaginer des actions au niveau local en adaptant les dispositifs à la réalité du terrain. « La réussite d’un projet dépend souvent de très nombreux critères qui peuvent varier d’un territoire à l’autre », reprend la directrice de l’agence de Beaune / Quétigny. « Il y a bien sûr l’organisation, les compétences, les partenaires. Mais il faut aussi être sûr que le besoin est bien là localement, : il ne suffit pas de dupliquer un dispositif pour que cela fonctionne ».

Un réseau renforcé et des projets pilotes

Pour concrétiser cette approche, le groupe de travail a sélectionné plusieurs projets « pilote », couvrant un vaste champ de thématiques : déploiement d’une antenne « Axel, vos services pour l’emploi » à Dijon ; mise en place de permanences avec la Mission Locale de Beaune ; occupation de logement temporaire à Strasbourg ; actions de lutte contre la fracture numérique à Quétigny ; actions autour des mobilités douces un peu partout sur le territoire… A chaque fois, un suivi sera effectué afin d’établir des bonnes pratiques qui pourront être mutualisées : organisation à mettre en place, freins éventuels, contacts locaux ou nationaux, compétences sur lesquelles s’appuyer pour le déploiement…

« Nous voulons créer un réseau interne à CDC Habitat pour mettre en lumière comment les projets se construisent, comment on travaille en partenariat avec les collectivités, les aménagements spécifiques à prendre en compte, les réseaux à mobiliser », précise Agnès Goulard. « Nous voulons aussi trouver des moyens d’associer davantage nos locataires notamment dans le cadre des grandes réhabilitations, à travers par exemple des actions de maîtrise d’œuvre urbaine et sociale qui pourront être menées jusqu’à deux ans en amont ».

Si les actions vont s’affiner au fil des mois, le groupe de travail entend élargir sa réflexion en associant les autres groupes mis en place dans le cadre du projet de territoire, notamment ceux autour de la maîtrise d’ouvrage, mais aussi des entités du Groupe comme Maisons & Cités ou Sainte-Barbe qui pourront nous apporter leurs expertises sur des sujets spécifiques. « La force de notre Groupe, c’est d’avoir à la fois un ancrage local fort et l’appui du national, avec des compétences extrêmement pointues que nous pouvons solliciter si besoin », conclut Amélie Pillet. « Nous avons besoin de cette dynamique d’échange et d’inspiration pour la suite, pour pouvoir adapter nos actions au fur et à mesure et enrichir notre approche. ».

En résumé :

  • Des groupes de travail thématiques pour porter les grands sujets du projet de territoire
  • Une démarche participative élargie, incluant partenaires, collectivités et locataires
  • Des projets « pilote » menés sur tout le territoire
  • Une « boîte à inspiration » recensant les bonnes pratiques

Pouvez-vous nous présenter l’association AVEC 63 ?

Association Victime Ecoute Conseil accompagne les victimes d’infractions pénales dans le département du Puy-de-Dôme depuis 1987. Dès lors qu’une plainte est déposée, le ministère de la Justice oriente les victimes vers notre équipe pluridisciplinaire – juristes, psychologues, travailleurs sociaux – qui va leur proposer une prise en charge globale. Le public accueilli est assez large, car s’entend par infraction pénale les vols et cambriolages, les agressions, les violences physiques et sexuelles. Les femmes victimes de violences conjugales représentent toutefois la moitié des personnes reçues chaque année.

Comment accompagnez-vous ce public particulier ?

Nous avons mis en place deux dispositifs spécifiques, qui interviennent sur des temps différents. Celui de l’urgence tout d’abord, avec une référente départementale qui gèrent les mises à l’abri. En parallèle, nous proposons un accueil de jour pour recevoir les femmes qui souhaitent quitter, à terme, le domicile conjugal, sans en informer leur compagnon. Notre objectif ici est de préparer au maximum leur départ, pour qu’il se passe le plus sereinement possible et éviter ainsi l’étape de l’hébergement d’urgence, qui débouche souvent sur un retour au domicile conjugal.

Comment préparer un départ du domicile conjugal ?

En faisant les choses étape par étape. En tant que référente du point accueil de jour, je suis le premier contact avec les personnes et celle qui va ensuite les orienter vers les professionnels de l’association qui sauront le mieux répondre à leurs besoins. Il faut pour cela bien identifier leur demande, ce qui passe par l’écoute et le respect absolu de leur choix. Notre rôle est de les accompagner, pas de décider à leur place. Et ce sont des situations complexes, qui peuvent sembler de prime abord sans issue. Il est par exemple nécessaire qu’une procédure de divorce soit engagée pour faire une demande de logement. Or la séparation est un moment critique, qui donne souvent lieu à des violences. Il faut donc faire les choses de façon progressive, une démarche après l’autre.
La première étape est souvent un rendez-vous avec un de nos juristes, qui va informer la personne sur ses droits et les dispositifs de protection existants. Rencontrer un psychologue est également important car les personnes ne sont pas toujours certaines d’être victimes de violences. Enfin, le travailleur social va accompagner la personne dans ses démarches, pour trouver un logement par exemple. 

Vous travaillez avec CDC Habitat sur cette question du relogement depuis plusieurs années. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le relogement est tout simplement indispensable. Tant que la personne reste au domicile conjugal, elle reste sous emprise. Le débat porte beaucoup sur le développement des capacités d’hébergement d’urgence, qui est nécessaire évidemment, mais l’hébergement n’est pas une finalité et ne correspond pas aux attentes des femmes. Elles ont besoin d’un relogement adapté à leur reconstruction, qui leur permet d’assurer une continuité dans leur vie professionnelle, familiale (à proximité de l’école des enfants par exemple). Notre partenariat avec CDC Habitat nous permet de répondre à ce type de demande.

Et quel est votre bilan de ce partenariat ?

Depuis 2015, sur 595 situations orientées, nous avons eu droit à 210 propositions de logement par CDC Habitat et 84 relogements finalisés. Au-delà des chiffres, ce qui est encourageant, c’est que les femmes entament un vrai travail de reconstruction. D’ailleurs, je n’ai pas connaissance d’un seul retour au domicile conjugal, ni d’une seule situation d’impayé ou de trouble du voisinage.
Nous espérons poursuivre notre coopération, d’autant que les demandes ont explosé du fait de la crise sanitaire et des confinements, des périodes propices à l’augmentation des violences intrafamiliales. Je pense que les relogements pérennes et de qualité tels que ceux mis en œuvre dans ce partenariat sont la solution la plus efficace pour les femmes que nous accompagnons.

La Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique, une formation artistique ambitieuse pour tous

La Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique est une formation artistique pluridisciplinaire où l’on apprend à chanter, danser, jouer sur scène. Cette école, unique en France, permet à des jeunes venant de tout milieu de se former aux arts de la scène tout en poursuivant leur scolarité. La Maîtrise est née de l’ambition de sa fondatrice, Sarah Koné, de rendre la musique classique accessible au plus grand nombre. CDC Habitat lui apporte son soutien depuis 2019. Rencontre à l’Opéra Comique (Paris 2e) durant une répétition.

« Cette école est née de l’envie de pluridisciplinarité et de métissage dans la musique classique »

Sarah Koné
fondatrice de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique

Ce jeudi 17 décembre 2021, les 115 élèves de la Troupe de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique sont tous présents sur scène pour la répétition finale du spectacle de Noël. Le spectacle de fin d’année est le seul moment où tous les élèves sont ensemble sur scène. Adèle, une ancienne « maîtrisienne » qui fait maintenant partie d’une compagnie de danse à Londres, est venue spécialement pour participer au spectacle qui mélange les genres (chant choral, danse et claquettes), à l’image de l’esprit de pluridisciplinarité qui a animé la création de la Maîtrise, par Sarah Koné (voir interview en encadré). Cette musicienne a créé en 2016 La Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique, une structure unique en France, pour les jeunes de 8 à 25 ans, et qui utilise tous les arts de la scène au service du chant.

« Notre cursus est très exigeant, explique Marion Nimaga-Brouwet, Déléguée générale de la Maîtrise, et comporte un grand nombre d’heures de cours. Mais il vise aussi l’épanouissement des élèves, leur passion artistique, la confiance en soi et la gestion du corps. »  Les élèves de la Maîtrise suivent une scolarité en horaires aménagés, de l’école élémentaire au post-bac, dans trois établissements parisiens publics.

En scène 30 à 40 jours par an

La pluridisciplinarité est la spécificité de la Maîtrise. Les élèves suivent des cours de technique vocale, de chant choral, de danse, de Formation musicale Dalcroze[1], de claquettes, de théâtre, de piano et de chansigne (la langue des signes au service de l’interprétation de chansons). Les activités artistiques sur scène sont également au cœur de la pédagogie. « Ils montent sur scène 30 à 40 jours par an », confirme M. Nimaga-Brouwet. Chaque année, les élèves de la Maîtrise participent en effet à un grand nombre de spectacles et de projets artistiques. Ils sont sollicités également pour des événements nationaux. Le 30 novembre 2021, le chœur de la Maîtrise a interprété la chanson « Dans mon Village » lors de la cérémonie d’entrée au Panthéon de Joséphine Baker. A l’occasion de la Coupe du Monde de rugby 2023, qui se déroulera en France, des centaines d’enfants descendront dans les stades pour interpréter les hymnes nationaux avant les matchs. Depuis septembre 2021, la Maîtrise est chargée de mettre en place le dispositif de recrutement et de formation de 26 chœurs dans les territoires. Déjà, les élèves de la Maîtrise répètent régulièrement ces hymnes.  

Détecter les talents partout

La mixité sociale est aussi un des grands principes du recrutement de la Maîtrise. Pour l’intégrer, deux voies sont possibles : des auditions sur candidatures, ou la détection de talents dans les REP (Réseau d’Éducation Prioritaire). Entre 30 et 40 élèves sont recrutés chaque année.  « Notre volonté est d’accueillir tout le monde et de réunir des jeunes qui viennent de tous les milieux pour intégrer un projet pédagogique de troupe. Nous écoutons entre 400 et 500 éleves par an. La moitié des élèves entrant en 6e sont recrutés en REP », précise la Déléguée.  Dans le cadre des recrutements en REP, la Maîtrise s’est déplacée à Saint-Ouen, Bagneux, Ivry et à Créteil en 2022. Quelles qualités faut-il pour intégrer la Maîtrise ? « Du talent, de l’envie et de la motivation avant tout », affirme M. Nimaga-Brouwet.

Au-delà de son soutien financier, CDC Habitat s’est engagé à relayer les dates des auditions ainsi que l’actualité de la Maîtrise par voie d’affichage, dans ses résidences situées dans ces zones REP et REP+, pour encourager ses jeunes locataires vers cette voie d’excellence artistique.

L’organisation de la scolarité

Les élèves de premier cycle sont scolarisés au collège François Couperin (Paris 4), tandis que les élèves de second cycle suivent un double cursus, au lycée général Georges Brassens (Paris 19) ou au lycée professionnel l’Abbé Grégoire (Paris 5). Depuis septembre 2018, un 3ème cycle post-bac est ouvert et accueille une dizaine d’élèves dont le talent permet d’envisager une professionnalisation. Et depuis 2019, la Maitrise a ouvert un cycle préparatoire, la pré-maitrise, pour des élèves de CM1et CM2, scolarisés à l’école de Tanger (Paris 19e).

Les enseignements artistiques sont tous réunis sur un même site rue François Miron, dans le 4e arrondissement.

Rencontre avec trois jeunes « maîtrisiens »

Léon (10 ans), Ramatoulaye (13 ans) et Maxence (17 ans), expriment leur enthousiasme et leur fierté d’appartenir à La Maîtrise. Ils racontent comment ils ont intégré cette formation et leur meilleur souvenir de jeunes artistes.

Léon est en pré-maîtrise : il intègrera la Maîtrise en 6e après avoir passé une nouvelle audition qui semble le stresser un peu.

« Ma mère m’a convaincu de passer l’audition car j’aime beaucoup chanter. J’ai hésité car je ne souhaitais pas quitter mon école. J’étais très impressionné par l’audition mais tellement content d’avoir été pris. Je n’ai pas de regrets d’avoir quitté mon école même si mon emploi du temps est très chargé. Le plus difficile est d’apprendre à vivre ensemble, à respirer ensemble. La première fois où j’ai entendu les plus grands chanter, cela m’a bluffé et donné envie de chanter un jour comme eux. »

Maxence est en Terminale et entame sa 7e année à la Maîtrise qu’elle a connue grâce à la Compagnie sans père (créée par Sarah Koné en 2008, et partenaire du collège François Couperin). Elle pratiquait déjà la danse et le théâtre avant d’intégrer la Maîtrise.

« Je comprends ce que ressent Léon. Au début ce n’est pas évident d’être entourés de 100 personnes. A la Maîtrise, le rôle des plus grands est aussi d’aider les plus petits par le tutorat.

Intégrer la Maîtrise m’a permis de compléter ma formation avec le chant. Les auditions se sont professionnalisées au cours des années. J’ai passé la mienne devant deux personnes et aujourd’hui il faut passer deux tours, avec de la danse, du théâtre.

Mon meilleur souvenir c’est le Festival d’Avignon. J’ai joué dans Thyeste mis en scène par Thomas Joly, au Palais des Papes en 2018 pour l’ouverture du festival. Nous étions dans les chœurs : une expérience formidable de deux semaines avec des comédiens professionnels.

Tous les matins je suis à la maîtrise et tous les après-midis au lycée. Le plus compliqué est de rattraper les cours mais on ne peut pas lâcher, on tient et j’ai réussi pendant 6 ans. »

Ramatoulaye, 13 ans, a été recrutée dans le cadre d’une audition dans son école à Ivry-sur-Seine. C’est sa deuxième année à la Maîtrise.

« Je chantais beaucoup c’est pour ça que j’ai eu envie de passer l’audition. Et mon meilleur souvenir est d’avoir été prise. J’ai participé au concert organisé en langue de signes : chanter et faire des signes en même temps c’est difficile. Je rate parfois des cours pour les répétitions mais une assistante d’éducation est là pour nous aider à rattraper. »  


Entretien avec Sarah Koné, Directrice de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique

© Quentin Croisard – Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique

Vous êtes la fondatrice de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique. Comment ce projet s’est-il formé ?

Cette école est née de l’envie de pluridisciplinarité et de métissage dans la musique classique. Quand j’étais enfant, pour tisser la vie de musicienne que je voulais il a fallu que j’aille puiser mes apprentissages à plusieurs endroits. Mon rêve, était celui d’une école artistique pluridisciplinaire, comme dans les pays anglo-saxons, qui n’existait pas en France et surtout pas pour le genre qui m’était cher, l’Opéra.

Quand j’ai fait mes études au Conservatoire supérieur, je me suis rendue compte que j’étais la seule fille en classe de direction et la seule métisse. Mon projet est devenu politique, au sens noble : j’avais envie de pouvoir donner aux petites filles et aux petits garçons l’exemple d’un visage différent dans le monde musical. Quel autre outil que l’école de la République peut donner ces outils-là à des enfants venus de partout ? La Maîtrise est née comme cela.

Le projet s’est doublé d’une rencontre essentielle à sa réussite, ma rencontre avec Olivier Mantéi, ancien directeur de l’Opéra Comique. Il a tout de suite compris le langage de la pluridisciplinarité et il a eu l’audace de me faire confiance en me donnant les moyens pour accompagner l’ambition artistique de ce projet. La Maîtrise ce sont des enfants qui chantent et dansent bien ensemble. Les petits peuvent rêver de devenir comme les plus âgés. L’exemplarité est essentielle dans la progression.

Quelles sont vos relations avec l’Éducation Nationale ?

Le projet ne peut fonctionner qu’avec l’Éducation nationale. Il est important de proposer aux familles un projet artistique qui ne soit pas en plus de l’école mais intégré dans le temps scolaire. Sinon la pratique artistique redevient une activité élitiste qui oblige à accompagner les enfants en dehors de l’école. Nous sommes partenaires de l’école sur le modèle de sports études par exemple.

Et avec les familles ?

60% de l’effectif de la Maîtrise est issu d’établissements en REP. Les familles sont très différentes : certaines très familières des pratiques culturelles et d’autres qui ne comprennent pas l’aventure dans laquelle s’embarquent leurs enfants. Il est essentiel pour nous d‘échanger avec toutes les familles : pour pouvoir nourrir la mixité, il faut en prendre soin. Les enfants qui n’étudient pas dans leur école de secteur rencontrent des camarades qu’ils n’auraient jamais rencontrés dans leur trajectoire scolaire. Des amitiés se sont créées tout au long de leur parcours scolaire.

Après quelques années de fonctionnement de la Maîtrise, quel premier bilan tirez-vous ?

Je suis fière de nos élèves et de leur capacité à se mobiliser pour des spectacles ou des événements. Je pense au Festival d’Avignon, en 2018, où nous étions présents avec 40 enfants pour Thyeste, mis en scène par Thomas Jolly. Et je pense aussi aux entrées au Panthéon de Simone Veil et de Joséphine Baker. Nous sommes très sollicités car de vrais talents se développent grâce à notre cursus.

Aujourd’hui je rêve de créer un internat pour accueillir ceux qui viennent de loin et je souhaite développer le 3e cycle d’études.

En 2021, CDC Habitat et le Théâtre National de l’Opéra Comique ont signé la poursuite de leur partenariat, initié en 2019, en soutien à la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique. A travers ce mécénat, CDC Habitat apporte son soutien financier sur trois ans à la Maîtrise Populaire, pour développer ses projets. Ce partenariat s’inscrit naturellement dans la continuité de la mission sociale de CDC Habitat pour contribuer à l’égalité des chances d’accès à la culture dans les quartiers prioritaires.

Sur le site de La Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique, découvrez une sélection de photos et de vidéos qui donnent accès à la richesse et la diversité des spectacles et des événements de cette jeune troupe, fière de montrer son excellence artistique. 

Et sur http://www.instagram.com/maitrisepopulaire

© Quentin Croisard – Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique

[1] (une pédagogie musicale qui repose sur trois matières principales (la Rythmique, le Solfège, l’Improvisation)

A Cergy, des ateliers d’improvisation théâtrale pour les jeunes du quartier Verger

Rencontre avec Jean-Pierre Weyland, fondateur de la troupe Weyland et Compagnie, spécialisée dans le spectacle vivant.

Jean-Pierre Weyland est satisfait des trois journées passées dans le quartier Verger à Cergy (95) du 30 août au 1er septembre. Avec sa compagnie, une troupe professionnelle spécialisée dans le spectacle vivant, il a organisé des ateliers d’improvisation théâtrale pour un groupe de jeunes du quartier, sur le thème « les garçons et les filles en piste », dans le cadre de l’appel à projets « des idées pour nos quartiers ». « Notre idée était de favoriser un esprit de groupe et d’aborder le thème du genre, en particulier sous l’angle de la place des garçons dans le quartier, à l’école, dans leurs familles. » Un spectacle d’improvisation tout public, avec des comédiens professionnels, était proposé en conclusion de ces trois jours d’atelier.

« Nous n’étions pas nombreux au début de l’atelier le premier jour mais les enfants sont arrivés au fur et à mesure. Et le lendemain, ils nous attendaient : 25 personnes en moyenne ont assisté aux ateliers, par roulement. » Les participants étaient des jeunes de 7 à 12 ans.

« J’ai été surpris par leur maturité, commente le comédien. La place des garçons est un sujet difficile à aborder au début. Puis on s’est vite retrouvé avec un groupe de garçons ouverts et pertinents dans leur approche du sujet. »

Pour préparer les improvisations dans le cadre des ateliers, les comédiens commencent par organiser des jeux puis une discussion libre. « On a discuté des différences de salaires entre hommes et femmes, des activités prétendument réservées aux hommes ou aux femmes. Puis on installe le rideau rouge, la musique pour la préparation du spectacle. Les jeunes ont choisi de traiter le thème dans le cadre d’un tribunal qui jugerait une mère qui se met en grève. Elle est acquittée à l’issue du procès. La discussion a été intéressante. »

Weyland et Compagnie existe depuis 2012. Elle est implantée à Cergy avec un local à St Ouen l’Aumône. Elle organise des ateliers sur les temps périscolaires, des activités dans les centres sociaux, les centres de loisirs. Une douzaine de spectacles ont été écrits, mis en scène et produits par Weyland et Compagnie.

« Ce qui est intéressant c’est de montrer aux jeunes qu’ils peuvent faire autre chose que de jouer avec leur console de jeux vidéos, qu’il existe une autre façon de développer leur imaginaire. Ils ont encore envie de s’amuser et notre but est de canaliser leur forte énergie. »

Quels étaient les objectifs de ce chantier d’insertion ?

SC : Les objectifs de ce projet étaient multiples. Nous voulions expérimenter un mode de gestion des déchets de chantier privilégiant le tri, leur réemploi et les circuits-courts. Cette action devait également s’inscrire dans la dynamique du territoire tant en terme d’emploi local que de structuration du partenariat avec les acteurs locaux sur un périmètre intercommunal.

Concrètement des jeunes en insertion ont été mobilisés et formés pour identifier les matériaux à déposer, ceux pouvant être valorisés ou non, et pour déclencher leur enlèvement. Ils ont participé à la valorisation de 15 tonnes de déchets de chantier.

Pour quels bénéfices ?

Après avoir galéré deux ans, j’ai enfin trouvé ma vocation. Et puis, gagner ses premiers salaires, ça fait du bien !

Marc, 21 ans

SC : Outre le fait d’avoir valorisé les matériaux issus de la déconstruction et d’avoir privilégié les circuits courts, les bénéfices sociaux sont importants. Au contact des acteurs sociaux locaux, nous sommes fiers d’avoir pu recruter 16 salariés selon une approche non genrée, d’une moyenne d’âge de 21 ans, issus des territoires prioritaires de la communauté de communes du Haut Val d’Oise.

Ces chantiers d’insertion doivent être des tremplins. Tous ces jeunes ont suivi une formation de sauveteur secouriste du travail et prévention des risques liés à l’activité physique, 3 d’entre eux ont passé leur certificat d’aptitude à la conduite en sécurité et 2 autres ont bénéficié d’une formation de plombier et d’électricien. En tout, ce sont 3 889 d’heures d’insertion, dont 427 heures de formation, qui ont été réalisées dans le cadre de ce chantier de curage.

Ce job me plaît tellement que je pense me réorienter vers une formation aux métiers du bâtiment.

Laurène, 24 ans

Quelles perspectives pour ce genre de projet ?

SC : Fort de notre activité de bailleur-concepteur, de nos expériences, de notre ancrage local et des relations partenariales tissées nous saisissons toutes les opportunités pour expérimenter localement différents supports d’insertion en mettant à disposition dans les territoires notre activité de gestionnaire au service de parcours d’insertion professionnelle qualitatifs.

Autrement appelé « clause d’insertion », nous ambitionnons de les amplifier pour participer à relever le double défi de la transition écologique et de la lutte contre le chômage dans les territoires. C’est une des expressions de notre mission d’intérêt général.

A la campagne ou en ville ? Isolé du monde ou en co-living ? A quoi rêvent les Français quand ils pensent à leur logement ?

Simon Borel, sociologue au sein de l’Observatoire de la société et de la consommation, l’ObSoCo, s’est penché sur cette question. Après avoir interrogé 4 000 personnes sur leurs aspirations en matière d’habitat, il partage avec nous les principaux résultats de cette étude.