Portrait métier : « Pour être gardien, il faut de la motivation et du sang-froid »

Comment êtes-vous devenu gardien ?

En novembre 2002, je me suis lancé dans une formation de gardien avec le GRETA, que j’ai finie à l’été 2003. J’avais à peine commencé à travailler en intérim que CDC Habitat a repéré mon CV lors d’un forum des métiers à Arnouville (95) et m’a contacté pour me proposer un poste en CDI que j’ai accepté. Depuis, je n’ai pas quitté le quartier Watteau à Sarcelles.

C’est quoi le quotidien d’un gardien dans un quartier réputé difficile ?

Le quotidien, c’est beaucoup de dialogue et gérer les difficultés. Quand je suis arrivé, cela faisait 3 ans qu’il n’y avait pas de gardien sur le site. Il y avait beaucoup de squat de jour comme de nuit, du trafic, des groupes dans les halls d’immeuble et dans les caves. J’ai beaucoup parlé avec eux et j’ai réussi à les faire partir au bout d’un moment. Ensuite, on a changé toutes les serrures des caves pour que les locataires n’y aient plus accès. Ça a permis d’apaiser les situations : les difficultés n’ont pas toutes disparu mais c’est globalement plus calme.

Depuis 3 ans, vous êtes passé « gardien principal » sur le quartier. En quoi ça consiste ?

Je continue de gérer le quotidien de plusieurs résidences, 105 logements pour être précis, mais je supervise aussi les 10 gardiens qui interviennent sur les autres sites, en lien avec la responsable de secteur. Quand elle n’est pas là, c’est vers moi que les autres se tournent s’ils ont un besoin. Je fais également le lien avec l’équipe de l’agence de CDC Habitat de Sarcelles. C’est une évolution qui s’est faite avec le temps. J’ai d’abord suivi en 2013 une formation de tuteur pour accueillir les nouveaux gardiens et les stagiaires. J’ai toujours aimé échanger et accompagner les jeunes qui démarrent dans le métier…

Quels conseils vous leur donnez quand ils arrivent à Watteau ?

Je leur raconte mon quotidien et je leur explique que pour que ça marche, il faut de la motivation et beaucoup de courage. Il faut aussi avoir du sang-froid et ne surtout pas s’énerver vite face aux provocations. Évidemment, c’est une question d’équilibre : il faut rester calme mais ça ne veut pas dire qu’il faut laisser passer les choses. C’est pour ça que le dialogue est important, c’est comme ça qu’on arrive à arranger les situations. Et comme chez CDC Habitat on nous fait confiance et on est assez autonomes, on peut vraiment faire les choses à notre manière et trouver la méthode qui convient.

En plus de ce que vous faites déjà, vous avez commencé une formation avec l’Afpols*…

Oui, pour devenir responsable de secteur à mon tour. J’en ai parlé l’année dernière à l’agence et ils m’ont tout de suite soutenu dans ma démarche. C’est une formation qui s’étend sur six mois, à raison de deux à trois jours par mois, en présentiel et en ligne. On fait des exercices, du serious game aussi, une sorte de mélange de jeu vidéo et de formation professionnelle qui permet d’aborder de manière ludique certaines situations pratiques. L’examen final est en juillet prochain et j’espère bien être reçu.

Être gardien chez CDC Habitat, c’est une fierté pour vous ?

J’adore ça. Ce qui me plaît surtout, c’est ce contact avec les habitants. Le matin, les gens passent, vous disent bonjour, vous échangez quelques mots. Il y a des femmes seules ou des personnes âgées qui rentrent dans le bureau pour discuter, parler d’un problème, demander de l’aide. Nous on les écoute, on leur donne des conseils, on les oriente vers les services municipaux ou vers l’agence selon les sujets. On est vraiment au cœur de la vie de quartier et du quotidien des gens.

*Association pour la formation professionnelle continue des organismes de logement social