« A Metz, notre ambition est de regagner en population, en préservant nos paysages naturels »

« A Metz, notre ambition est de regagner en population, en préservant nos paysages naturels »

Interview de monsieur François Grosdidier- Maire de Metz et Président de l’Eurométropole de Metz

François Grosdidier, photo P. Gisselbrecht

Pourriez-vous décrire les ambitions de l’Eurométropole de Metz en matière de logement et d’habitat ?

A travers le troisième Programme local de l’habitat (PLH) de l’Eurométropole, nous agissons à la fois sur la quantité, en favorisant la production de logements de manière équilibrée, commune par commune, et la qualité, en rénovant l’ancien. Les questions de rénovation énergétique sont plus que jamais d’actualité.
Depuis 2021, l’Eurométropole est délégataire des aides à la pierre ce qui lui permet de délivrer agréments et subventions aux bailleurs publics mais aussi aux ménages plus modestes dans le cadre de l’ANAH.
La difficulté réside dans le fait que le territoire est très varié, avec des communes très urbaines (6 quartiers politique de la ville dont 4 concernés par l’ANRU), des besoins importants en matière de réhabilitation du parc ancien, et des communes plus rurales qui souhaitent conserver leur cadre de vie tout en captant des jeunes ménages.
Cette diversité constitue aussi une richesse avec des paysages naturels à préserver. L’objectif pour l’Eurométropole est de regagner en population en proposant une offre de logement diversifiée et accessible à tous.

En termes de typologie d’habitat et de logement, quelles sont vos priorités ?

Tous les types de logement pour répondre au(x) besoin(s) ! Nous soutenons le développement du logement social, en particulier dans les petites communes, où les bailleurs n’allaient pas spontanément. Nous avons majoré les aides dans ces secteurs jusqu’à 15 000 euros par logement (pour 2 000 à 4 000 € auparavant). Il nous faut également résorber le déficit en logement sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants qui en manquent, comme Longeville-lès-Metz.
Nous aidons aussi les jeunes ménages à accéder à la propriété, afin d’éviter qu’ils ne s’installent dans les territoires voisins parce que le logement y est moins cher.
Enfin, un étudiant messin sur deux est logé chez ses parents. Nous continuons néanmoins à améliorer la qualité de l’offre actuelle, notamment celle du CROUS qui en avait besoin, et de nouvelles opérations sont prévues, comme la reconversion du bâtiment de l’Urssaf par VIVEST à Metz, la rénovation de la résidence Edouard Branly par la SEM Eurométropole Metz Habitat au Technopole, et une nouvelle résidence VILOGIA rue aux arènes à Metz.

Qu’attendez-vous de CDC Habitat ?

Pour bien comprendre les raisons de cette transformation, rappelons la situation.
Plus de 13 000 logements sociaux de l’Eurométropole de Metz étaient jusqu’à présent gérés par un office public, l’OPHMM en souffrance. Très peu de travaux de rénovation ont été entrepris ces quinze dernières années sur le parc.
Les travaux nécessaires à la réhabilitation du parc ont été chiffrés à plusieurs centaines de millions d’euros.
L’OPH ne possédant pas la capacité financière suffisante pour engager ce programme, nous avons cherché des solutions pour y remédier et la création d’une SEM en était une.
Pour ce faire, l’Eurométropole a noué un partenariat avec CDC Habitat et sa filiale Adestia. Celle-ci a apporté 35 millions d’euros au capital de la nouvelle structure.
Outre ce soutien financier, CDC Habitat va nous apporter également son expertise en tant qu’acteur majeur du logement social en France.

En 2021, l’OPH de Metz Métropole est donc devenu une SEM, dont CDC Habitat est actionnaire. Qu’attendez-vous de ce rapprochement ? Qu’est-ce que cela a changé ?

Un Plan stratégique de patrimoine a été établi, programmant 381 millions d’euros d’investissements sur dix ans, destinés à la réhabilitation du parc de logements, au renforcement de l’offre et à la montée en qualité du parc. La stratégie élaborée s’appuie également sur d’importants moyens humains.

Aujourd’hui dotée d’un capital de 181 M€, la société dont l’Eurométropole reste majoritaire à 80 % a désormais de nouveaux moyens pour construire des logements de qualité, rénover ses logements vacants et les remettre sur le marché plus rapidement, et engager un vaste programme de réhabilitation de ses logements existants dans les 10 prochaines années.

Comment prenez-vous en compte l’impératif de sobriété foncière et comment l’articulez-vous avec la nécessité de construire des logements ?

Jusqu’à présent, le rêve de nombreux ménages était souvent de construire leur maison individuelle. Cependant, aujourd’hui nous devons moins artificialiser les sols, et n’avons plus la possibilité de consommer autant de foncier. Notre Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) est en cours d’élaboration et prendra cela en compte. Il faut travailler avec l’existant, remettre sur le marché les logements vacants, de plus en plus nombreux. Aussi, nous intervenons pour résorber l’habitat dégradé, en lien avec l’ANAH et notre opérateur agrée le CALM-Soliha (Centre d’Amélioration du Logement de la Moselle) qui accompagne les ménages dans leur projet de rénovation ou d’adaptation de leur logement. Nous encourageons également les formes urbaines moins consommatrices en foncier, par exemple les logements intermédiaires avec entrées et espaces extérieurs privatifs.

Le recyclage de foncier déjà aménagé est-il une piste que vous envisagez ?

Tout à fait, la reconversion des friches est une solution pour limiter l’étalement urbain et la Métropole en compte de nombreuses, que ce soit une base aérienne de 400 hectares, des anciennes casernes et des hôpitaux. Avec le Zéro artificialisation nette (Zan), leur reconversion est devenue une chance.
Leur transformation est néanmoins complexe, et longue, à l’image du quartier de l’Amphithéâtre à Metz. Ainsi plusieurs années sont nécessaires, pour transformer ce site très pollué en un quartier de 1650 logements intégrant un établissement culturel totem, le Centre Pompidou Metz.
De même pour le Plateau de Frescaty qui accueille aujourd’hui une centaine d’entreprises dont Amazon et le Centre de formation du FC Metz. Depuis l’implantation d’Amazon, beaucoup d’entreprises logistiques souhaitent s’installer et on va finir par manquer de place d’autant que nous souhaitons également installer des activités artisanales et tertiaires sur la Base vie, une zone de 25 hectares.

Plus globalement, comment prenez-vous en compte les impératifs de la transition énergétique dans l’Eurométropole? Sur quels leviers jouez-vous, du point de vue de l’habitat, du développement urbain, des mobilités ?

Sur l’habitat, nous avons déployé tous les dispositifs existants aujourd’hui permettant d’aider les propriétaires bailleurs et surtout les propriétaires occupants sous plafond de ressources pour rénover ou adapter leur logement (OPAH, OPAH-Copropriétés, programme SARE). Au vu de l’urgence climatique et du coût des énergies, nous devons accélérer la rénovation du parc existant et l’Agence Locale de l’Energie et du Climat (ALEC) doit devenir la porte d’entrée de tous les habitants pour obtenir informations et conseils et mener à bien leur projet.
L’Eurométropole a gagné en 2022 la Marianne d’or pour les navettes fluviales Metz’O. Cette initiative concilie les enjeux de Metz ville d’eau, ressource naturelle pour laquelle une vigilance accrue est nécessaire, et les enjeux de la mobilité dont elle constitue un élément parmi tous les modes de transport. Par ses aspects ludiques, elle invite les habitants à découvrir l’utilisation du réseau Le Met’, pour lequel la Métropole améliore l’attractivité par l’extension du réseau METTIS, et réduit l’empreinte carbone par une politique volontariste de développement de l’hydrogène.

Pour assurer la transition énergétique en matière de mobilité, nous ne comptons pas opposer les modes de transport les uns aux autres. Nous favorisons l’élargissement du panel des solutions mises à la disposition des habitants de la Métropole et de ses visiteurs. Outre l’amélioration des transports collectifs, cette ambition se traduit par la mise en œuvre d’un ambitieux plan de développement des aménagements cyclables, mais également par le déploiement de bornes de recharge pour les véhicules électriques sur le domaine public.

A l’heure où l’on parle beaucoup de « désamour » pour les métropoles, quelle est votre vision de l’avenir de l’Eurométropole de Metz, de ce qu’elle peut et doit être ?

Certainement pas le désamour. L’Eurométropole peut et doit être le vecteur d’ambitions convergentes. Des ambitions qui répondent à la fois aux enjeux du siècle, mais aussi et surtout aux attentes des habitants et communes du territoire messin.

Cela implique une attention portée tout autant à la rénovation énergétique de nos bâtiments, au soin porté à l’aménagement de notre territoire et aux offres de logement proposés à ses habitants, qu’au développement de mobilités complémentaires ou encore à l’attractivité économique et touristique de notre Eurométropole.

Ma vision de l’avenir est donc résolument pragmatique et engagée. Elle est par ailleurs pour partie déjà en train de se réaliser.