Décarboner l’habitat : pourquoi, comment ?

Décarboner l’habitat : pourquoi, comment ?

Compte tenu de l’urgence climatique, la réduction des émissions de CO2 – ou « décarbonation » – est un sujet abordé par les acteurs de tous les secteurs économiques. Le groupe CDC Habitat a d’ailleurs créé en 2023 sa « Mission Décarbonation » pour coordonner et accélérer ses actions en la matière. Mais au-delà des intentions, pourquoi et comment réaliser concrètement la décarbonation du secteur du logement ?

Pourquoi faut-il décarboner l’habitat ?

Le bâtiment représente aujourd’hui 25 % des émissions de gaz à effet de serre en France, et 18 % si l’on exclut la phase de construction. L’habitat (ou bâtiment « résidentiel », par opposition au bâtiment tertiaire) en cours d’exploitation représente pour sa part environ 10 % des émissions totales… soit 48 millions de tonnes de CO2 annuelles. Trouver les moyens les plus rapides, efficaces et massifs pour réduire les émissions de CO2 des habitations, tout en continuant d’accroître la surface totale de logements pour répondre à la demande, est donc un enjeu considérable pour notre pays.

Cet objectif est d’ailleurs encadré par la Stratégie nationale bas-carbone, qui vise « zéro émissions nettes » de CO2 pour l’ensemble du parc immobilier national en 2050. Elle prévoit aussi de réduire les émissions directes du secteur de 60 % d’ici 2030 et d’éliminer les énergies fossiles dans le bâtiment d’ici 2040.

Quels sont les sources d’émissions de carbone les plus importantes ?

D’abord, il faut savoir que les émissions de carbone pendant la phase d’exploitation (ou d’usage) des bâtiments sont deux fois plus importantes que pendant les phases de construction et de rénovation.

Ensuite, que ce soit pour les logements individuels ou collectifs, les postes les plus émetteurs de CO2 sont le chauffage et la consommation d’eau chaude sanitaire. La décarbonation de l’habitat a donc un lien avec et un impact important sur la gestion de l’énergie et du système électrique au niveau national.

Que peut-on faire pour décarboner l’habitat
français ?

État, collectivités, constructeurs, bailleurs, citoyens locataires ou propriétaires… chacun peut jouer son rôle – à sa mesure bien sûr –, pour contribuer à la décarbonation de l’habitat. Voici les principaux leviers d’action :

Amplifier et massifier la rénovation des bâtiments, pour réduire les consommations d’énergie et adapter les logements au changement climatique : renforcer l’isolation, la ventilation, la protection solaire (persiennes, toits végétalisés, etc.), les dispositifs de rafraîchissement efficaces et moins énergivores que les climatisations individuelles…

Décarboner la production et la préservation de chaleur des habitations, c’est-à-dire concrètement remplacer les chaudières à énergie fossile (fioul ou gaz, encore nombreuses en France) par des pompes à chaleur ou un raccordement à un réseau de chaleur urbain (utilisant généralement des sources d’énergie décarbonées). Il s’agit aussi plus largement de développer les filières de production d’isolants et de matériaux biosourcés (à base de bois, chanvre, laine, liège, lin…), de déployer la production d’énergies renouvelables (éolien, solaire, biogaz), ainsi que les réseaux de chaleur urbains sur l’ensemble du territoire ;

Maîtriser la construction en régulant la croissance de la surface totale des logements et en développant l’utilisation de matériaux biosourcés ;

Développer les actions de sobriété et d’efficacité énergétiques : ajustement des durées et/ou des températures de chauffe, entretien des chaudières, pilotage précis des bâtiments…

Comment mesure-t-on la décarbonation des
logements ?

À l’échelle d’un secteur, d’un territoire ou d’une entreprise, on mesure la décarbonation à travers le « Bilan carbone », qui fait état de la variation du poids des émissions (en tonnes équivalent CO2) sur 3 périmètres appelés scopes :

scope 1 = les émissions directes lors de la construction, de la rénovation et de l’exploitation des logements

scope 2 = les émissions indirectes incluant l’approvisionnement et le transport des matériaux

scope 3 = les émissions indirectes incluant la production des matériaux eux-mêmes.

À l’échelle d’un logement ou d’un parc de logements existant, un indicateur très pratique a été mis en place en 2006 – et réformé en 2021 pour devenir juridiquement opposable et non plus seulement informatif : le diagnostic de performance énergétique ou « DPE ». Celui-ci mesure précisément la consommation d’énergie par m2 pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage, la ventilation et/ou la climatisation. L’évolution d’un logement ou d’un parc de logements des étiquettes E, F ou G vers des étiquettes A, B ou C mesure donc très concrètement la décarbonation de l’habitat.

Où en est-on aujourd’hui et quels sont les objectifs de CDC Habitat ?

Entre 1990 et 2021, les émissions de carbone par habitant, tous secteurs confondus, ont diminué en France de 23,1 %. Le secteur du bâtiment, dont le logement, a aussi réalisé des progrès significatifs, mais à un rythme encore en-deçà des objectifs nationaux. Le poids total des émissions entre 2015 et 2018 dépasse ainsi de 16 % celui de la première trajectoire de la Stratégie nationale bas-carbone. Ceci s’explique notamment par la concurrence entre deux évolutions simultanées : les efforts de décarbonation et les efforts de construction, qui font croître l’espace global à chauffer.

Le groupe CDC Habitat se fixe des objectifs rigoureux pour l’avenir de son parc de logements et de son fonctionnement, en ligne avec la stratégie nationale :

  • des émissions nettes totales proches de zéro en 2050 ;
  • une émission moyenne de 15 kg de CO2 par m2 et par an en 2030, soit -32 % par rapport à 2022 ;
  • l’éradication des étiquettes énergétiques G et F d’ici 2025 et E d’ici 2032.