Quelles sont les conditions d’acceptabilité de la densification urbaine ?

Paroles d’expert

Comment rendre la densité plus acceptable ? Réponse avec le Cerema , établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui accompagne l’État et les collectivités territoriales pour l’élaboration, le déploiement et l’évaluation de politiques publiques d’aménagement et de transport. Ce dernier a interrogé un panel d’habitants issus de 7 communes d’Île-de-France, de typologies différentes (rurale, périurbaine et urbaine dense). Les résultats montrent que la densification n’est pas forcément connotée de façon négative.

Rafaëlla Fournier, vous êtes responsable de programme « Stratégie de densification urbaine » au Cerema IDF/Département Ville Durable, quels sont les premiers enseignements de votre étude ?

L’appréciation du cadre de vie n’est pas corrélée à la densité mesurée et les milieux urbains les plus denses ne sont pas les moins bien vécus. Selon les habitants interrogés, la densité est synonyme de convivialité, de mixité sociale. Elle n’est pas associée à l’insécurité.
La satisfaction liée au cadre de vie dépend du triptyque : nature, services, transports. La proximité de la nature, une bonne offre de services/commerces, et une bonne desserte par les transports en commun figurent parmi les principaux critères de satisfaction.

Satisfaction du cadre de vie selon le triptyque "nature, services, transports"
Illustration © Cerema

Cette perception est-elle la même quel que soit le secteur où on vit ?

Les habitants des secteurs ruraux sont les plus ouverts et favorables que les autres dans une perspective de développement de leur commune. Les propriétaires fonciers dans le milieu rural comprennent l’intérêt à valoriser leur foncier. Ceux des zones denses sont aussi plus ouverts aux différents modes de densification.
L’âge est un facteur qui joue aussi sur les réponses ; les jeunes étant plus attirés vers les centres villes et l’habitat collectif.

L’habitat individuel est-il toujours perçu comme l’idéal ?

Il reste l’idéal pour 70% des personnes interrogées. Mais ce pourcentage baisse auprès des habitants de centre-ville et de ceux qui vivent en habitat collectif.

A la sortie du confinement, vivre dans un cadre de vie agréable et dans un logement spacieux étaient encore plus importants. Bénéficier d’une surface privative extérieure à son logement est le premier critère pour définir son habitat idéal. Les habitants des milieux denses manquent plus qu’ailleurs d’espaces extérieurs. Et pour les principaux éléments d’insatisfaction, les habitants souhaitent que les qualités acoustiques et thermiques de leur logement soient améliorées.

L’acceptabilité de la densité

Le taux de satisfaction du cadre de vie n’est pas corrélée à la densité mesurée 
Illustration © Cerema

Quelles sont les facteurs de réussite d’une opération de densification ?

Le rejet de la densité n’est finalement pas tant lié à sa perception qu’à la qualité des opérations proposées. Elles doivent être adaptées au contexte, partir des ressources et des spécificités des territoires. Il faut d’ailleurs davantage associer les habitants en amont et suivre la formule « plus on connaît, plus on accepte ». On constate effectivement que plus on communique sur les différentes solutions de densification, plus les habitants sont rassurés quand un nouveau projet se développe près de chez eux.

Globalement, les habitants sont prêts à accepter la densification. Les reconversions de bâtiments vacants, par exemple, font partie des opérations bien acceptées. Réinvestir les lieux existants est une des solutions à privilégier ainsi que le développement d’une mixité de fonctions au sein d’un même bâtiment (habitat, activités économiques…).