Entre CDC Habitat et Adoma, des synergies multi-métiers au service des territoires

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Dans l’Est de la France, CDC Habitat et sa filiale Adoma multiplient les projets en commun et jouent sur la complémentarité de leurs offres pour accompagner les territoires dans leurs politiques de l’habitat à destination de tous types de publics. Entretien croisé avec Philippe Blech, directeur interrégional Nord-Est de CDC Habitat, et Grégory Bisiaux, directeur de l’établissement Est d’Adoma.

Pouvez-vous rappeler en quelques mots quels sont vos domaines d’intervention respectifs et en quoi ils se complètent ?

Philippe Blech : On présente souvent CDC Habitat comme le premier bailleur de France. C’est vrai, mais c’est un peu restrictif. Nous sommes avant tout un opérateur global de l’habitat au service de l’intérêt général. Nous intervenons sur un spectre très large qui va du locatif à l’accession à la propriété, du logement social jusqu’au logement libre en passant par l’intermédiaire, le logement abordable contractualisé ou les résidences gérées. Nous sommes à la fois un gestionnaire, un constructeur, un aménageur, et surtout un partenaire du développement des territoires.

Grégory Bisiaux : Adoma est le premier opérateur de l’hébergement et du logement accompagné de France. Nous gérons tous types de structures d’hébergement d’urgence ou d’accueil de demandeurs d’asile, ainsi que des dispositifs de logement « très social » comme les résidences sociales et leurs déclinaisons – pensions de famille, résidences accueil, résidences sociales pour jeunes actifs, foyers de jeunes travailleurs. Dans l’Est, Adoma c’est plus de 9 500 logements et 6 700 places d’hébergement réparties en 4 directions territoriales.

Adoma a rejoint le Groupe en 2015 : comment travaillez-vous ensemble et quels sont les avantages pour les territoires ?

PB : Il y a une complémentarité naturelle entre nos offres qui nous permet d’apporter des réponses globales à des problématiques d’aménagement complexes. Le logement est aujourd’hui central dans la vie des territoires : c’est un vecteur d’insertion des publics, de stabilisation, d’attractivité, de développement économique… Mais encore faut-il savoir composer avec les multiples dispositifs qui existent, dans un contexte économique et législatif de plus en plus contraint. Ensemble, nous sommes en mesure de couvrir un éventail allant du logement très social jusqu’au logement libre, donc un large pan du parcours résidentiel. Peu d’opérateurs peuvent en faire autant.

GB : Nous sommes un peu « l’amont » de l’offre de CDC Habitat : nous accueillons des publics qui ont besoin d’une phase de stabilisation et les aidons à reprendre un parcours d’insertion sociale, professionnelle mais aussi résidentielle. Le logement accompagné joue un rôle particulier dans le parcours résidentiel de ces publics souvent précaires car c’est un logement généralement temporaire qui a vocation à servir de tremplin vers un logement traditionnel – au sein du patrimoine de CDC Habitat ou de tout autre bailleur.

Pourquoi est-ce dans l’Est que ces synergies s’expriment particulièrement ?

GB : L’une des raisons principales tient, je crois, dans l’histoire même de nos territoires, qui sont depuis toujours des terres d’accueil, avec des Métropoles en pleine croissance d’un côté mais aussi des territoires assez vastes qui ont connu la désindustrialisation, les départs de population… Il y a dans l’Est des problématiques très diverses qui nécessitent des réponses qui sortent des schémas préétablis – ce que nous sommes en mesure d’apporter.

PB :  Une autre spécificité est que Grégory et moi-même, nous nous connaissons depuis de nombreuses années : nous avons une réflexion assez proche sur les enjeux liés à nos métiers et nous savons travailler ensemble. Par effet miroir, nous avons transmis ça à nos équipes respectives qui se connaissent et ont l’habitude de s’appeler dès que nécessaire pour débloquer une situation ou réfléchir à un projet commun. Nous sommes des entités séparées mais nous sommes capables de collaborer dès que nécessaire au bénéfice des territoires et des publics.

Ce fut le cas en début d’année, au démarrage du conflit en Ukraine.

GB : C’est exact. Du fait de sa proximité géographique avec le territoire du conflit, l’Est de la France a été particulièrement sollicité pour l’accueil des réfugiés ukrainiens effectivement. Sur les quelques 1 162 places ouvertes chez Adoma pour l’accueil de ces publics, 976 ont concerné la Direction d’Établissement Est, dont 800 dans la seule région Grand-Est. Il a fallu trouver les logements, les meubler en urgence, assurer l’accueil, l’ouverture des droits… Tout le monde s’y est mis de manière spontanée et nous avons pu ouvrir près de 1 000 places en seulement 3 semaines grâce à l’aide des équipes de CDC Habitat et de la Sainte-Barbe.

PB :  Il y a eu un réel élan de solidarité chez nos équipes, notamment nos gardiens qui se sont spontanément proposés pour installer le mobilier, mettre les logements en état… Le travail que nous menons au quotidien depuis des années s’est traduit, dans ces circonstances exceptionnelles, par une fluidité naturelle. C’est ce que nous voulons continuer à développer dans les prochaines années.