Cet été, les détecteurs de monoxyde de carbone ont sauvé des vies

Suite à la détection d’une présence anormalement élevée de monoxyde de carbone causée par les fortes chaleurs, le gaz a été intégralement coupé pendant plusieurs semaines sur une résidence de CDC Habitat à Montauban, nécessitant une mobilisation totale des équipes au cœur de l’été.

Tout a commencé par le déclenchement d’un détecteur dans un appartement. En ce dimanche 10 août, la résidence Doumerc de Montauban est évacuée sur ordre des pompiers, en raison d’un taux de monoxyde de carbone trop élevé. Les relevés réalisés dans les logements et bâtiments voisins dépassaient les seuils autorisés, obligeant GRDF à couper immédiatement le gaz.

« Il ne s’agissait pas d’une défaillance technique de l’installation mais d’un phénomène dû aux fortes chaleurs des derniers jours », explique Jean-Michel Bertin, cadre de service technique à l’agence Toulouse Garonne. « Lorsqu’un halo de chaleur se crée au niveau de la toiture, il empêche l’évacuation normale des gaz brûlés. Les gaz stagnent alors et refluent dans les conduits, et donc dans les logements ».  

Des adaptations réalisées en urgence

Conséquence du réchauffement climatique, tous les bailleurs sont désormais confrontés à ce problème qui peut toucher aussi bien des bâtiments anciens que neufs, même très performants sur le plan énergétique. Et dans de nombreux cas comme à Montauban, couper le gaz signifie priver les habitants d’eau chaude et de plaques de cuisson. Or, si la sécurité des locataires est la priorité numéro 1, les bailleurs doivent aussi garantir la pleine jouissance des logements.

« Il a fallu réagir très vite pour que les locataires retrouvent le confort que nous leur devons », précise Séverine Durrieu, directrice de l’agence Toulouse Garonne. « Nous avons dans un premier temps autorisé les locataires à acheter des plaques de cuisson vitrocéramiques que nous avons remboursées, puis face à la complexité de la remise en service du gaz, nous avons installé un bloc sanitaire de 14 douches en pied d’immeuble pour permettre aux habitants de se laver ».

Des locataires informés à chaque étape

Si la fin de l’épisode caniculaire a permis à l’installation de refonctionner normalement, la remise en service ne pouvait se faire légalement que par la délivrance d’un certificat Qualigaz pour chacun des 96 logements. Mais lors de la première inspection réalisée le 22 août, une non-conformité de l’installation a été identifiée.

« Un jeu a été observé au niveau de l’évacuation des gaz brûlés, nécessitant la réalisation de travaux de l’ordre d’une demi-journée dans chaque logement », reprend Jean-Michel Bertin. « Nous avons donc cherché une solution à la fois plus rapide et plus pérenne, en remplaçant le chauffe-bain gaz par un chauffe-eau électrique ». L’opération, d’un montant de 115 000 euros, a permis de réalimenter au fur et à mesure les locataires en eau chaude sanitaire, et de finaliser le raccordement au 30 septembre. A chaque étape, les habitants ont été informés en toute transparence de la situation, et des remises de loyer ont été octroyées.

Un suivi à généraliser

Cet incident a été l’occasion pour CDC Habitat de tirer des enseignements afin de mieux anticiper les effets des canicules sur son patrimoine. Les agences ont recensé les résidences sans détecteurs de monoxyde de carbone pour accélérer leur installation, et un travail est en cours avec les prestataires pour améliorer les procédures d’intervention, même en période estivale.

« Nous étudions à notre niveau les axes de travail et les aménagements possibles sur nos installations potentiellement soumises à ce phénomène, et nous poursuivons nos expérimentations au niveau local, par exemple avec la pose de peinture réfléchissante blanche sur les toitures », conclut Jean-Michel Bertin. « Cela peut baisser la température de 5-6 degrés dans les bâtiments et donc limiter les risques de phénomènes comme celui observé à Montauban ».