Réemploi de matériaux : CDC Habitat se mobilise sur ses chantiers

CDC Habitat multiplie les actions en Auvergne-Rhône-Alpes pour déployer le réemploi de matériaux sur ses différents projets, en neuf comme en réhabilitation. 

De la théorie à la pratique, il y a parfois plus qu’un simple pas à franchir. C’est ce que CDC Habitat expérimente actuellement en Auvergne Rhône-Alpes, où le bailleur travaille à la mise en place des réseaux nécessaires pour concrétiser les objectifs fixés par le Groupe en matière de réemploi des matériaux dans la construction.

« Aujourd’hui, il est plus compliqué et plus coûteux de faire du réemploi que de construire de zéro », explique Perrine Cantin-Michaud, directrice régionale adjointe. « Ce n’est pas seulement une question d’habitudes de travail. Il faut trouver des prescripteurs, des maîtres d’œuvre et des architectes qui veulent porter la démarche, puis les filières pour la concrétiser. C’est tout un écosystème qui doit se mettre en place ».

Des projets qui montrent la voie

Pour accélérer les choses, la direction régionale Auvergne Rhône-Alpes de CDC Habitat a choisi d’intégrer des clauses relatives au réemploi à l’ensemble de ses marchés, et a adhéré au booster du réemploi, unprogramme d’action collective visant à mobiliser les acteurs de la construction en vue de massifier le recours aux matériaux recyclés ou reconditionnés.

Mais comme souvent, c’est par des projets concrets que les choses avancent. C’est le cas à Clermont-Ferrand où un travail particulièrement exemplaire est mené depuis 2022 dans le quartier de la Gauthière, où le programme de réhabilitation de la résidence des Trioux prévoit la démolition de 40 logements et la réhabilitation de 189 autres.

« Le cabinet d’architectes Atelier Imagine et l’association Métabatik nous ont proposé une approche de réemploi qui nous a séduits lors de la consultation de maîtrise d’œuvre », précise Karine Rusak, responsable maîtrise d’ouvrage Auvergne. « Un diagnostic a été mené en amont afin d’identifier les éléments récupérables lors de la phase de démolition, puis une matériauthèque au sein de la résidence a été créée pour stocker les différents matériaux et équipements ».

Portes, sanitaires, lavabos, poignées… de nombreux éléments ont ainsi pu être conservés et serviront à l’agence de Clermont-Ferrand pour réaliser l’entretien courant de son patrimoine. Côté matériaux, les ventelles métalliques des séchoirs qui ont été remplacées par des châssis vitrés sur la partie réhabilitée, ont été réutilisées pour l’habillage de pignons, notamment suite à la démolition. De plus, des marches d’escaliers en granito ainsi que des gardes corps de balcons ont fait l’objet d’une cession de réemploi avec un autre bailleur local, Auvergne Habitat.

Un levier majeur de décarbonation

Si le projet est une vraie réussite, c’est aussi grâce au travail étroit mené avec l’entreprise générale Léon Grosse et Attac Béton, spécialiste de la démolition, afin de récupérer les matériaux, puis de les répertorier, classer et stocker dans un local dédié avec le concours des équipes de gestion locative de CDC Habitat.

« Le réemploi reste un levier majeur de décarbonation de la construction et de la réhabilitation », reprend Karine Rusak. « Nous allons poursuivre la démarche sur les Trioux en organisant des ateliers avec les Compagnons Bâtisseurs en vue d’intégrer les matériaux récupérés dans des travaux d’amélioration de logements ». 

Ne reste plus qu’à convaincre les habitants parfois réticents à l’idée de se voir proposer d’anciens lavabos ou sanitaires. « Il y a une dimension psychologique à ne pas sous-estimer dans l’acceptation de la démarche », conclut Perrine Cantin-Michaud. « Ce qui pour nous est une bonne pratique peut être perçu comme une prestation au rabais par nos locataires. Il faut donc faire preuve de pédagogie ».