« Avec la crise sanitaire, de nombreux enfants sont en décrochage scolaire, j’aimerais les aider à remonter la pente »

La journée internationale des droits des femmes est l’occasion de valoriser l’investissement de femmes, locataire ou collaboratrice, engagées au sein d’associations, collectifs ou démarches solidaires, notamment durant la crise sanitaire. Rencontre avec Marie-Annick Riboth, locataire SIDR et présidente de l’Association Intergénérationnelle de Château Morange (AICM), à Saint-Denis de La Réunion (974).

Comment vous êtes-vous retrouvée à la tête d’une association ?

Cela fait maintenant plus de 40 ans que je suis locataire SIDR, je suis arrivée enfant des bidonvilles des hauts de Saint-Denis (974) et je n’ai plus quitté cette résidence. Je n’avais jamais fait de bénévolat par le passé. C’est un ami, alors président de l’association, qui m’a passé le flambeau en me disant que je saurais aider les familles du quartier. C’était en 2017.

Quel est le but de votre association ?

L’Association Intergénérationnelle de Château Morange, quartier situé en QPV, s’adresse aux familles, en particulier aux enfants, et aux seniors. Nous souhaitons créer des liens entre les habitants et favoriser le bien vivre ensemble.

Notre objectif est d’occuper les 29 enfants et adolescents (de 4 à 17 ans) que nous accueillons pour qu’ils se sentent bien dans leur peau mais aussi dans leur famille, à l’école. Une mission d’autant plus nécessaire en cette période compliquée. Nous intervenons, avec mon équipe, pendant la période des vacances scolaires pour qu’ils ne s’ennuient pas en leur proposant du sport en collectivité, des « vacances apprenantes », des sorties à la mer et à la montagne, etc. Nous organisons aussi des distributions de colis alimentaires et des moments conviviaux pour tous.

Avez-vous un projet dont vous êtes particulièrement fière ?

En 2020, nous avons réalisé un diorama, un décor miniature, sur le Château Morange qui a ensuite été exposé à plusieurs reprises. Nous avons été accompagné par un historien et les enfants ont également joué des scénettes pour raconter l’histoire de ce monument emblématique de notre quartier ; ils sont désormais incollables ! Le projet leur a permis de mieux comprendre et s’approprier leur environnement.

J’aime vraiment ce que je fais, j’aime ces enfants qui sont adorables. Je porte également beaucoup d’espoir sur notre projet de jardins partagés. La SIDR nous a mis disposition les espaces verts de nos résidences afin d’en faire un lieu d’échange.

La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur vos actions ?

Nous allons rendre visite à nos aînés, dans le respect des gestes barrières, afin qu’ils ne se sentent pas isolés. Nous sommes plus contraints dans nos activités mais nous avons réussi à maintenir le lien avec les enfants et les seniors.

Ce qui me m’attriste beaucoup aujourd’hui c’est de voir que, depuis la crise COVID-19, de nombreux enfants sont en décrochage scolaire. J’aimerais pouvoir faire plus pour les aider à remonter la pente, les remettre sur les rails. J’ai échangé avec leurs écoles, nous essayons de trouver une solution car les parents n’arrivent pas toujours à suivre.