« Nous devons réinterroger les paradigmes de la fabrique urbaine »

Ingrid Nappi, professeur titulaire et fondateur de la Chaire sur l’économie de la transition écologique urbaine de l’Institut Louis Bachelier.

Face à l’urgence climatique et aux évolutions sociétales et sociales en matière d’habitat et de travail, nous devons réinventer la production de la ville. C’est l’ambition de la Chaire sur l’économie de la transition écologique urbaine de l’Institut Louis Bachelier qui entend devenir une plate-forme de recherche et d’enseignement pour aider à la décision économique et politique, en matière d’écologie, de vivre ensemble et de travail.

Car comment répondre aux besoins croissants des ménages à se loger et développer une offre immobilière à la fois résidentielle, industrielle et tertiaire (zones commerciales, quartiers d’affaires) tout en accompagnant la transition écologique urbaine ? Comment valoriser économiquement et financièrement les initiatives et les projets à forte utilité écologique ? Comment repenser la chaine de valeur et notamment le rôle économique des nouveaux entrants dans les nouvelles filières de l’immobilier qui se dessinent ? Comment innover et construire autrement, alors que la rareté foncière devient un obstacle majeur pour les maîtres d’ouvrage ? Comment promouvoir la densité et le recyclage du tissu urbain tout en conservant la qualité des espaces de vie ? 

Les enjeux de la transition écologique impactent toute la chaîne de valeur de la fabrique de la ville. Le processus de développement des projets doit être révisé pour y intégrer des indicateurs de performances nouveaux (décarbonation, impact social, environnemental…) et la place ainsi que l’apport de chaque professionnel (investisseur, architecte, maître d’ouvrage, entreprise, industriel…) doit évoluer. Pour répondre à cette nouvelle donne, nous devons passer d’une approche en silos à une approche holistique. L’originalité et la pertinence de cette chaire passe par la réunion des trois dimensions essentielles que sont l’économie et la finance, les sciences de l’ingénieur et l’architecture, soit une approche inédite en France.

Lancée en 2023, la chaire s’appuie sur un partenariat réunissant la fondation du risque de l’Institut Louis Bachelier, qui l’héberge parmi 80 autres programmes de recherche, l’École des Ponts ParisTech et l’Ecole Nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais. Les ministères de la Transition Ecologique et de la Culture soutiennent le projet qui rassemble aussi de nombreux contributeurs et mécènes parmi lesquels CDC Habitat.

La chaire diffusera progressivement tous les savoirs acquis sous la forme de cours, séminaires et conférences, d’outils et de cahiers pédagogiques pour former le plus largement possible. Après quelques mois d’activité, elle vient d’organiser une conférence inaugurale sur le thème « réinvestir l’immeuble résilient » et d’éditer un premier cahier pédagogique dédié. Son comité scientifique transdisciplinaire, composé d’universitaires issus de l’École des Ponts ParisTech et de l’ENSEA Paris-Malaquais, mais également d’autres écoles telles que l’école d’urbanisme de Paris ou Centrale Lille, est en train d’élaborer les axes de recherche sur les financements de la transition écologique.