A Angers (49), une colocation inclusive qui fait ses preuves
Alexandre, Martin, Léo et Maxime sont des colocataires presque comme les autres. Âgés de 20 à 32 ans, ces jeunes adultes, qui ont emménagé en début d’année dans la résidence Bizot du quartier La Fayette d’Angers, occupent ensemble un grand T5, récemment refait à neuf, que rien ne distingue des autres. Pourtant, tous les quatre ont la même particularité, celle d’être atteints de troubles du spectre autistique. Comme l’explique Vincent Gauthier, directeur d’agence CDC Habitat, « nous avons été contactés par Autisme 49 et l’ARPEP pour mettre en place une colocation inclusive, destinée à accueillir de jeunes adultes autistes. Il s’agissait de trouver un grand logement, sans adaptation spécifique, où les quatre colocataires pourraient s’installer et bénéficier d’un accompagnement adapté à leur maladie ».
Derrière le projet des deux associations, il y avait une volonté : promouvoir l’inclusion de jeunes en situation de handicap, en faisant de l’habitat un levier vers une plus grande autonomie. Si les quatre colocataires ne sont pas en mesure de vivre seuls et bénéficient de l’accompagnement quotidien d’un animateur et d’aides à domicile, ils disposent néanmoins d’un cadre de vie bien différent d’avant puisqu’ils habitaient tous chez leurs parents – et effectuaient régulièrement des séjours en institut médico-éducatif ou en maison d’accueil spécialisée.

« Si le projet s’apparente à une colocation traditionnelle, il s’agit en fait d’une sous-location puisque le bail a été signé avec l’ARPEP qui sous-loue aux quatre jeunes adultes », reprend Vincent Gauthier. « L’association gère également l’encadrement des jeunes avec Autisme 49, autour d’un projet social visant à favoriser leur insertion et leur accès à une plus grande autonomie ». Presqu’une année d’échanges entre les différentes parties prenantes a été nécessaire pour arrêter les contours précis du projet. Il faut dire qu’outre le contexte sanitaire inédit, l’expérimentation devait répondre à la fois au besoin de sécurisation et d’accompagnement des occupants, sans pour autant perturber l’équilibre de la résidence.
« Nous avons pris le parti de ne pas informer les autres habitants de la résidence en amont de l’installation de cette colocation afin de ne pas stigmatiser les futurs occupants », précise Vincent Gauthier. « Les présentations se sont faites au fur et à mesure, l’animateur jouant le rôle de trait d’union entre les colocataires et le reste des résidents. Tout s’est très bien passé ». Quelques mois après l’installation, le bilan dressé par l’ensemble des acteurs est d’ailleurs plus que positif. « Les familles sont rassurées de voir leurs enfants bien encadrés, l’équipe d’accompagnants peut travailler dans un cadre propice, et les colocataires ont enfin leur chez-soi et peuvent travailler sur leur autonomie ». Une première expérimentation autour d’un habitat inclusif pour un public spécifique qui en appelle d’autres.