Un modèle d’habitat réversible à Saint-Ouen (93)

Perspective du futur village des athlètes

La livraison du bâtiment est prévue pour le 3ème trimestre 2022. Et sur le papier, rien ne distingue la future résidence Studefi de Saint-Ouen, destinée aux étudiants de l’institut supérieur de mécanique de Paris (ISAE‑Supméca), d’une autre résidence étudiante. Pourtant, pendant presque une année, le site, composé de 131 logements étudiants PLS et un restaurant universitaire, va connaître un destin peu commun en accueillant les athlètes participant aux jeux sportifs à Paris en 2024.

Comme l’explique Gilbert Safoula, directeur de programmes chez Grand Paris Habitat, « SOLIDEO, la société de livraison des ouvrages olympiques, nous a sollicités pour ce projet visant à remplacer la résidence étudiante Pierre Azou. Parmi les nombreux atouts de la candidature parisienne aux jeux, il y avait cette volonté de « penser l’après » et notamment les usages du site une fois l’événement terminé. Là, nous sommes allés encore un cran plus loin puisqu’il y a un avant et un après pour le bâtiment ».

Une exploitation en plusieurs temps

C’est donc un planning très particulier qui va rythmer les premières années de mise en service du site. Si les premiers mois, de la rentrée de septembre 2022 à fin 2023, permettront aux étudiants de profiter de la proximité avec l’ISAE-Supméca, les locaux seront ensuite confiés du 1er mars au 30 novembre 2024 à Paris 2024 qui exploitera les lieux pour l’hébergement des athlètes. « Nous allons faire signer aux étudiants des baux qui s’interrompront pendant toute la durée de la manifestation sportive », reprend Gilbert Safoula. « CDC Habitat ayant un large patrimoine au niveau francilien, nous allons nous efforcer de proposer une solution de relogement temporaire à un maximum d’étudiants afin qu’ils ne soient pas lésés dans le cadre de leur cursus ».

Avec des chambres destinées à accueillir des personnes seules, la bascule temporaire entre un public étudiants et des athlètes est plutôt naturelle – tout comme la réversibilité du site une fois la compétition terminée. Et en dehors du mobilier qui devra être modifié pour convenir à des athlètes de haut niveau et la fermeture des coins cuisine, le site pourra donc fonctionner normalement pendant toute la durée de l’événement.

De nombreuses exigences sur le bâti

Si le site se démarque par son utilisation, sa réalisation n’est pas en reste, avec un cahier des charges extrêmement strict fixé pour l’ensemble du village des athlètes. Outre l’accessibilité universelle du bâtiment, essentielle pour l’accueil des sportifs en situation de handicap, le volet environnemental fera l’objet de pas moins de 4 certifications parmi les plus exigeantes : NF Habitat HQE, bâtiment bas carbone (BBCA), E3C2 et Biodivercity. Les salles de bains seront également aux normes, plus contraignantes, du CIO. Autant de contraintes qui auraient été difficilement intégrables dans un programme déjà existant.

« L’originalité de ce projet demande une concertation accrue avec l’ensemble des partenaires, qu’il s’agisse de SOLIDEO, des entreprises, des bureaux d’études ou d’ALECI (association des anciens élèves de l’institut ISAE-Supméca), très impliquée dans l’accueil des étudiants », souligne Gilbert Safoula. Et si l’investissement pour un programme aussi atypique est forcément élevé (environ 4 900 euros ttc du m2 SHAB contre 3 700 à 3 900 euros ttc d’habitude), ce laboratoire expérimental préfigure ce que sera l’habitat de demain – un habitat plus souple, capable de s’adapter à différents publics et d’évoluer dans la durée. « Tout ce que nous faisons ici sur le site, notamment en matière de qualité de construction, nous le ferons sans doute demain sur l’ensemble de nos réalisations », conclut le directeur de programmes. « C’est un projet extrêmement enrichissant pour tous ».