Colocation solidaire : à Grenoble, les Kapseurs prennent leurs marques au sein de la résidence Jacques Brel

Dans le prolongement de la convention nationale signée par CDC Habitat et l’AFEV, la direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes a choisi de mener une première expérimentation de KAPS (Kolocation à Projet Solidaire) sur la résidence Jacques Brel de Grenoble.

Depuis début septembre, ce sont des occupants d’un nouveau genre qui ont pris leurs marques au sein de la résidence Jacques Brel de CDC Habitat à Grenoble. Les « kapseurs » ne sont pas des colocataires comme les autres : ils ont en effet choisi de participer à une Kolocation à Projet Solidaire (KAPS), un concept déployé depuis une dizaine d’années en France par l’AFEV et qui permet à des jeunes âgés entre 18 et 30 ans d’accéder à un logement abordable en échange d’un loyer modéré et de quelques heures hebdomadaires de bénévolat au service de la vie de quartier ou de la résidence.

« Nous avons de plus en plus de demandes de jeunes et de moins jeunes qui cherchent d’autres modes d’habitat, à la fois moins coûteux et plus conviviaux », souligne Aurélie Poncet, chargée de gestion locative et commerciale chez CDC Habitat. « La colocation notamment a le vent en poupe, sous toutes ses formes : intergénérationnelle, solidaire… Le projet Kaps que nous avons mis en place à Grenoble avec l’AFEV s’inscrit dans cette volonté de favoriser l’insertion et l’accès au logement de certains publics, tout en redonnant du sens au quotidien et en créant du lien social ».

C’est dans le quartier prioritaire de La Villeneuve que CDC Habitat a identifié dans son patrimoine les logements les plus adaptés au dispositif. Au total, 8 appartements (5 T3, 2 T4 et 1 T5) de la résidence Jacques Brel sont désormais mis à la disposition de l’AFEV qui pourra accueillir jusqu’à 20 jeunes. « Les trois quarts des logements ont déjà trouvé des occupants depuis septembre », précise Léa Jeddi, responsable locale de l’AFEV qui se charge d’identifier les colocataires potentiels. « Ce sont des profils mixtes, avec des étudiants, des volontaires en service civique, mais aussi de jeunes salariés et des demandeurs d’emploi. La plus jeune a 19 ans et le plus âgé fêtera bientôt ses 30 ans, ce qui permet d’avoir un panel large pour poser les bases du projet social ».

La résidence Jacques Brel

L’autre particularité des Kaps est de demander à ses colocataires de s’impliquer de 2 à 5 heures par semaine dans des animations solidaires au service du quartier. Le projet social est défini directement par l’AFEV avec les jeunes, selon leurs envies, leurs compétences et leur emploi du temps : aides aux devoirs, travail avec les associations locales, jeux, animations… il y en a pour tous les goûts, toutes les sensibilités et tous les talents. « L’important pour que la dynamique prenne est que les jeunes soient moteurs », reprend Léa Jeddi. « Parmi les premiers projets mis en place sur Jacques Brel, plusieurs jeunes participent aux ateliers de réparation du Repair Café, avec l’association la Machinerie, pour remettre à neuf les radiateurs, téléphones ou vélos des habitants du quartier. D’autres font du soutien scolaire, ou encore des animations de lecture en pied d’immeuble avec l’association Madame Rutabaga ».

Des échanges sont également en cours avec l’association des locataires de la résidence Jacques Brel pour la mise en place d’animations ponctuelles, ou avec la ville et d’autres associations locales pour redynamiser l’un des jardins collectifs du quartier laissé à l’abandon. Les jeunes eux bénéficient du suivi de l’AFEV qui les accompagne dans ce nouveau rôle, en leur proposant notamment des formations à la prise de parole en public. « Tout cet investissement quotidien permet de créer une émulation au niveau local qui bénéficie à l’ensemble des locataires et même au-delà », conclut Aurélie Poncet. « Nous sommes dans un quartier qui vivait bien il y a quelques années mais qui a connu un petit creux, et nous sommes persuadés que ce projet va participer au nouvel élan qui est en train de se mettre en place ».